mercredi 13 septembre 2006, par
David Eugène Edwards trace son petit chemin à part dans le patrimoine américain
"La mémoire est une machine d’imprécision dont j’ai perdu le mode d’emploi". C’est fort de cette maxime et profitant d’une promotion d’un grand magasin que je me suis re-frotté à Low Estate de 16 Horsepower, un des plus déconcertants albums de folk-country hanté. Avec un recul de neuf ans, on le voit plus en prédécesseur du récent Nux Vomica des Veils que des albums récents de Woven Hand. C’est le lien avec la critique qui nous occupe bien entendu, vu que le chanteur et multi-instrumentiste David Eugène Edwards est à la base des deux groupes (16 Horsepower maintenant officiellement disparu et Woven Hand donc).
Le but n’est pas de se lancer dans un jeu des sept erreurs mais de prendre un peu de recul par rapport à cette quatrième livraison de Woven Hand. Et permettre de voir tout le chemin parcouru. Car l’évolution est lente, certes, mais manifeste. Oubliés, les rythmes enjoués, le bandonéon, les riffs de banjo. Mais à l’époque déjà, la voix de David Edwards apportait un décalage qui l’éloignait du rock de bastringue. Ou alors de bastringue bien déglingué, lugubre et mal famé. Ou, au vu des thèmes pratiqués, dans une chapelle perdue au milieu des champs.
Car l’univers de Woven hand, surtout depuis la bande-son pour le chorégraphe flamand Wim Vandekeybus (Blush Music), se veut plus atmosphérique. L’introduction est d’ailleurs inquiétante à souhait et des passages équivalents arrivent ça et là (Slota Prew qui sert de rampe de lancement à Full Armour) pour recadrer le ton. Ce n’est pas toujours indispensable selon moi qui préfère les moments plus intimes (Truly Golden). Un orgue (voire une touche de didgeridoo) vient mettre son grain de sel empoisonné sur la plupart des morceaux. Si le chant est toujours habité, quoique moins mis en avant que naguère. Mais l’intensité est bien là, on n’est pas dans la variété, c’est certain, mais ce n’est pas non plus très exigeant comme musique. On pense à une version poisseuse de Dead Can Dance, sans le côté froid et désincarné de ces derniers (Twig).
Au début de l’écoute, on se dit qu’il ne s’agit que d’un album de Woven hand de plus. Un de trop peut-être. Et puis deux phénomènes se produisent. Un premier dû à l’accoutumance, qui impose une certaine connivence avec le style austère et qui fait qu’on ne profite jamais pleinement de cette musique en un claquement de doigts mais qu’une fois l’ambiance installée, on ne décroche pas facilement. Le second est la présence d’éclaircies musicales tranchant sur l’aspect sombre de prime abord comme Whisteling Girl, Bible and Bird en folk instrumental champêtre ou encore Dirty Blue et son violon et son arpège de guitare acoustique. Du Woven Hand à siffloter sous la douche ? Pas encore mais on s’en rapproche. Des morceaux qui peuvent s’apprécier immédiatement hors album, ce qui est plutôt neuf mais existait déjà pour certains titres de 16 Horsepower.
Aiderai-je les auditeurs potentiels en arguant que cette musique est le chaînon manquant entre le folk-country et une certaine forme de musique gothique (mais pas acoustique, ça ne sonne définitivement pas comme du Current ’93) ? Le but n’est évidemment pas une description clinique mais de piquer la curiosité du lecteur qui ne se serait pas encore frotté à une discographie qui s’étoffe.
Il est certain que ce Mosaic n’apporte pas de rupture franche dans la discographie de Woven Hand mais la qualité des albums ne fléchit pas et quelques éclaircies viennent ici varier le propos. (M.)
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