lundi 22 janvier 2007, par
Retour en gris pour les prodiges de Brooklyn
Pour la première fois depuis que ce site existe, j’ai été mis au chômage technique par le manque de sorties de ce mois de janvier. Comme je n’ai pas voulu rattraper trop d’albums de 2006, j’en ai profité pour donner des coups de sonde dans ce qui nous attend. Restez bien attentifs, les deux mois qui viennent s’annoncent copieux.
Le premier groupe critiqué de 2007 est donc celui des cinq joyeux drilles de Brooklyn. Déjà pourrait-on dire vu que leur premier album éponyme est sorti il y a moins d’un an dans nos contrées. Cette parution avait été précédée d’un battage médiatique de la part des médias indépendants américains (Pitchfork en tête). Ce qui fait que ceux qui aiment sentir les tendances avaient facilement flairé le coup. Je dois bien avouer en faire partie, puisque l’album en question faisait partie de mes préférés de 2005, et que j’étais présent à leur concert de l’Ancienne Belgique, avant même que l’album ne sorte en chez nous. Cette prestation m’avait laissé une impression mitigée, comme si le groupe n’avait pas bénéficié du temps nécessaire pour faire ses gammes. De plus, ils étaient apparus bien fatigués et un rien hébétés par leur succès international.
Un an et demi après sa découverte, le premier album reste une fort bonne collection de titres, avec presque rien de dispensable et deux morceaux vraiment irrésistibles. Le spectre des Talking Heads mêlé à un certain goût du son volontairement brouillon dégageait un charme certain. L’exercice du second album apparaît donc particulièrement casse-gueule. Car ceux qui ont bénéficié d’une hype pour un premier album sont à la fois attendus au tournant par ceux qui ont adoré le premier album et par ceux qui étaient suspicieux et n’attendent qu’une occasion de sortir l’artillerie lourde.
La pochette, peu colorée en comparaison avec celle du premier album, annonce la tendance. Qui se confirme après une écoute (surtout que les premiers morceaux ne sont pas les plus emballants). Où sont donc passés les morceaux emballants et immédiats ? Ils ne sont pas vraiment là, mais ce qui les remplace est parfaitement digne d’intérêt. En effet, s’ils ont bel et bien modifié les ingrédients, ils ont gardé pas mal des recettes du premier album comme le bordel organisé (Emily Jean Stock), l’instrumental (Upon Encountering the Crippled Elephant) ou l’orientation dansante (Satan Said Dance). Ce titre détonne un peu dans leur nouvelle manière plus nuancée et mélancolique, mais c’est un morceau qu’il jouent en concert depuis longtemps. La voix d’Alex Ounsworth reste particulière mais comme il la maltraite moins ça pourra apparaître comme moins dérangeant à ses détracteurs. Elle reste un des signes distinctifs d’une musique qui finalement a plus de personnalité qu’on ne l’imagine puisqu’on identifie un morceau de Clap Your Hands Say Yeah tout de suite.
Mais leur talent n’explose vraiment que sur un titre : Goodbye To The Mother And The Cove. Quand un morceau me semble terrible à la première écoute, ma première tentation (un rien masochiste) est de voir à combien d’écoutes il résiste avant d’ennuyer. Le test est ici réussi, on tient incontestablement un morceau qui va durer. Pourquoi ? Parce qu’il regroupe à lui seul presque autant de bonnes idées que le reste de l’album. De l’arpège d’ouverture en passant par le roulement de batterie final, du glissando de basse qui s’accorde avec le clavier, tout fonctionne. On a au total un titre vraiment prenant, langoureux et varié. Un groupe qui peut réussir ça a encore beaucoup à offrir.
Le très dénudé Arm And Hammer a quand même une bonne tête de démo, on n’a rien entendu d’aussi sec depuis You’re So Great de Blur. De deux morceaux en plus. Est-ce la manifestation de casser un album par ailleurs plus lisse au niveau du son ? En tous cas, c’est une preuve de leur volonté de partir dans le plus de directions possibles.
On a donc un album qui privilégie les climats plus lancinants, jouant sur la longueur (Underwater You And Me, le final Five easy Pieces) à la célébration hédoniste (Yankee Go Home). Ce qui fait que cet album nécessite de nombreuses écoutes avant de s’imposer. En effet, les morceaux sont plus complexes qu’ils n’y paraissent de prime abord . Comme toujours, c’est le temps qui décidera. S’il a clairement penché en leur faveur pour un premier opus qu’on réécoute souvent (au moins pour les plus fameux titres), on ne sait pas encore si celui-ci va surnager parmi les plus de cent qui vont défiler dans nos oreilles d’ici la fin de l’année. Seul l’avenir nous dira s’ils pourront se hisser au niveau d’un Modest Mouse (dont l’album sort bientôt), au sommet de la chaîne alimentaire de la musique indépendante américaine ces dernières années, dans la durée. Mais leur volonté de ne pas se reposer sur leurs lauriers est de bonne augure. On a donc l’impression d’un album de transition, avec de nouvelles idées mais encore des scories puisque certains morceaux essaient de recréer l’ambiance du premier album sans la magie.
Sans se hisser à l’excellence et à l’éclectisme de leur premier album, Clap Your Hands Say Yeah (on n’y prête presque plus attention, mais c’est un des plus chouettes noms de groupes qui soient) a l’intelligence de se renouveler. Le résultat est un album plus personnel, plus cohérent, mais qui ne se hisse qu’une fois aux sommets auxquels ils peuvent prétendre.
Vous voulez en entendre plus ? L’album complet est en écoute sur leur myspace : http://myspace.com/clapyourhandssayyeah
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