Accueil > Critiques > 2007

The Earlies - The Enemy Chorus

lundi 19 mars 2007, par Paulo

experimentation = séduction ?


A l’écoute des quelques extraits de l’album The enemy chorus sur un site de vente en ligne très intéressant, c’est l’usage pertinent de l’instrumentation et un certain humour décalé qui m’ont de suite intéressé. Cela se vérifie par l’écoute de l’album.
The earlies n’hésitent en effet pas à malmener nos impressions, en passant d’une intro symphonique à un débat synthétique [No Love In Your Heart, Burn The Liars] ou d’une ambiance dépouillée à un univers chorusé [Enemy Chorus]. Sur ce dernier morceau, on sent le décalage dans l’abus d’un de leurs ennemis, le chorus au sens d’effet (NDLR chorus : effet sonore consistant en la duplication de la source avec décalage en pitch et en temps avec pour objectif la simulation d’un effet de chœur), tandis qu’ils ont un réel ennemi, le chorus au sens de refrain, The earlies priviligie la liberté à la séduction.

Les morceaux sont complexes et apportent des ambiances variées. On sent une certaine audace dans l’utilisation des sons, favorisée d’abord par le nombre de musiciens, ensuite par la multiplicité des instruments et leur inadéquation "culturelle"(ex : violoncelle vs Clavia Nord). Ils n’hésitent pas non plus à utiliser une basse nue directement à la suite d’une explosion d’effets et de cuivres, ce n’est pas du mauvais goût, du moins pas encore, c’est pour l’instant juste pertinent.

Point de vue composition, la complexité surprend d’abord et intéresse ensuite. Elle n’est pas sans rappeler des groupes tel que CAN sur No Love In Your Heart et Breaking Point, respectivement les pistes qui ouvre et ferme l’album, avec des constructions anarchiques entêtentantes.
On pense également (toujours... pourtant je suis pas fan à la base je vous jure) aux Beatles, normal pour ces mancuniens pas très loin de Liverpool, on discute pas football ici. Le mieux c’est que ça n’est pas la période Help dont on se rappelle mais bien le magnifique Sgt Peppers. Burns the liars dans ses breaks et son entrain me fait penser au splendide "A day in a life". Je me demande d’ailleurs si le piano n’est pas un élément essentiel de cette comparaison.
Can, les Beatles mais également Genesis sur ce début d’album, mais nous y reviendront.

Durant les 7 premiers morceaux, on sent comme une symbiose, un chemin pensé et parsemé d’éléments intéressants, on retire un bloc cohérent. Citons encore le passage de Foundation And Earth qui sonne comme un réveil en fanfare après le profond et envoutant Gone For The Most Part avec ses introspections orchestrales.

A partir de Little Trooper il devient difficile de maintenir une attention suffisante et l’album donne une impression de longueur, on dira que cette partie sera pour plus tard car en fait, elle n’est pas inintéressante. L’empreinte Genesis s’y fait encore plus présente. Je ne suis pas spécialiste mais When the Wind Blows ne cesse de me faire penser à Peter Gabriel. Ajouté à cela, on y sent également un mélange Pink Floyd/U2 respectivement pour la guitare et la voix sur Broken Chain. et fini comme il commence par la montée anarchique, chaque instrument n’en faisant qu’à sa tête, qui justifie tout le sens festif de l’explosion de jouets représentée sur la pochette.

The Enemy Chorus est un album difficile, un peu prise de tête, mais qui prône l’expérimentation pop sans vouloir séduire à tout prix et on peut les en féliciter. On y trouve beaucoup de choses, de l’électronique à la musique de chambre, de la fanfare au rock, avec un résultat très cohérent pourtant, ce qui n’est pas chose facile.
Il est aussi intéressant à découvrir pour toutes ces références intelligemment utilisées. On n’est pas pétri d’émotions à la première écoute, mais ce n’est pas non plus le but, ou du moins pas pour tout suite, peut-être qu’avec les années, il se réécoutera avec nostalgie... comme un Genesis. Tiens à propos ils se reforment ?
http://www.myspace.com/theearlies
conseils
 > No Love in your heart
 > Breaking Point

    Article Ecrit par Paulo

Répondre à cet article

  • Mesaverde - All Is Well

    Les découvertes génèrent des découvertes, surtout quand les artistes font partie de plusieurs projets. Il suffit de savoir tirer le fil. Un des moteurs de la réussite récente de Mildfire est sans doute son batteur Lars Fremmelid. Quand un groupe (norvégien également) se signale à nous et se réclame de la mouvance prog, notre curiosité est forcément piquée.
    Ce second album se situe dans le (…)

  • Piles - Una Volta

    Il y a des noms qui n’évoquent guère avant qu’on ne les croise dans des projets emballants à très courts intervalles. Ce projet à trois batteurs, Guigou Chevenier, Michel Deltruc et Anthony Laguerre se place en effet dans le sillage du Club Cactus dont on vous a parlé récemment. D’autant plus que le dernier nommé est membre des deux formations et de Filiamotsa. Mais à l’inverse des deux autres (…)

  • The Defigureheads - Chaos and Cosmos

    Si les noms de groupe issus de chansons célèbres sont légion (de dEUS à Radiohead en passant par Sisters of Mercy), je ne parierais pas que The Defigureheads fasse référence au légendaire album de The Cure. Parce que le genre pratiqué est un rock très teinté par les années ’70. Donc ce n’est l’originalité qui prime mais la compétence et la passion. Et sur ces deux fronts, le trio français (…)

  • Björk - Biophilia

    J’aime, j’aime la vie
    Dans la musique de Björk, il a toujours été question de recherche : la quête d’un équilibre parfait entre sa soif d’explorations sonores et son profond enracinement pop. Comme les deux facettes d’une personnalité schizophrène, tantôt la chanteuse a-t-elle gardé les pieds sur terre, tantôt s’est-elle laissé dominer par ses délires visionnaires. Et si sa discographie, (…)