dimanche 8 juillet 2007, par
De l’ombre à la lumière
C’est quoi, de nos jours, la rock ‘n roll attitude ? La pose rebelle ? Le perfecto ? C’est un peu ça dans le folklore. Mais quand on a vu Jana Hunter un mardi soir dans un bar presque déserté d’une banlieue calme de Seattle, coincée entre un brave garçon tout seul avec son banjo et un groupe épouvantable, on prend conscience de ce que l’abnégation pour son art signifie. Et le concert fut bon, humain et intime comme ses compositions le laissaient présager.
La folkeuse texane vient de Houston. Pas de l’incroyable vivacité d’Austin (Explosions In The Sky, Voxtrot, I Love You But I’ve Chosen Darkness…). C’est déjà un signe distinctif. Elle s’est faite connaître en partageant un EP avec Devenda Banhart, le gourou du renouveau folk-baba. Son premier album, Unstaring Heirs Of Doom, avait été bien reçu, malgré un aspect sec, aride, rêche et plutôt difficile d’accès. Mais malgré tout le potentiel était indéniable.
On pourrait penser a priori que les possibilités de la musique folk sont limitées. On voit ici qu’à l’intérieur de ces conventions on peut développer un univers sonore purement personnel. Comment définir le style de cet album ? On pourra dire que c’est chanté par les chœurs tant la voix paraît détachée. Mais il y a de la mélodie là-dedans et moins de sécheresse. Prise seule hors contexte, une chanson comme Pinacle pourrait sembler aride, mais après avoir absorbé des groupes comme Grizzly Bear on est préparé à ce folk presque abstrait. Montées spiralantes, thème récurrent et délires psyché sont au rendez-vous (Movies).
Mais il y a autre chose sur ce There’s No Home. Des ritournelles toutes simples comme Babies, des titres qui ne tiennent que sur quelques notes que leur évidente sincérité rend touchantes (Sleep). Un peu comme si Sophia n’essayait pas de tirer des larmes à tout prix. La production est d’ailleurs impeccable. Légère, la batterie enveloppe discrètement ces petites chansons sans prétention. Une autre très bonne idée, c’est la brièveté des morceaux (généralement entre deux et trois minutes) qui accrochent donc sans lasser. Et même sur ce format court ce n’est pas linéaire (Recess) puisque même avec des arpèges très simples elle sort souvent du schéma couplet-refrain-pont. Ce n’est pas expérimental pour deux sous pourtant c’est très personnel, assez éloigné dans son esprit d’une Basia Bulat pour reprendre un exemple récent. Rien ne ressemble à ce There’s No Home et c’est pour ça que je vous encourage à le découvrir.
N’ayez pas peur, Jana Hunter revient plus mature, adoucie, plus mélodique, plus digeste en un mot. Pour ceux qui ont laissé passer le train aride et désolé du premier album, prenez celui-ci sans hésitation.
Après un silence de plusieurs années pendant lequel on avait accepté l’idée que la somme Sunlights and Riverlights serait notre album de référence, il était revenu en 2024 avec un EP assez emballant qui donnait l’espoir d’en entendre plus.
Et s’il a attendu 14 ans avant de revenir avec un tout nouvel album sous le bras, ce n’est pas pour passer par la porte de service mais par la toute (…)
Le circuit court est un principe vertueux qui doit s’appliquer à la musique aussi. Ceci a beau être un premier EP, quatre morceaux étant sortis déjà, la surprise est un peu éventée et l’attente attisée. On attendait cette première publication d’importance pour faire un premier point et il est éminemment positif.
Dans la lignée d’une Phoebe Bridgers qui se confirme comme la figure tutélaire (…)
On vous avait déjà parlé de musiques de films, de séries, de documentaires, de spectacles de danse, d’installations et même de restaurants, on inaugure la musique de cirque. Dans le genre, difficile de faire plus raccord que le premier album de Beirut avec ses cuivres balkaniques. Mais le temps a passé et Zach Condon a consacré énormément d’efforts à sortir ce cet étroit carcan musical. Et ce (…)
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)