lundi 10 septembre 2007, par
"Le rire est l’ultime politesse du désespoir"
Non, nous ne sommes pas allergiques aux gens qui chantent dans la langue que nous parlons. Et pour le prouver, quoi de mieux qu’une chanteuse toute neuve ? Constance Verluca sort en effet un premier album, après quelques détours par le scénario cinéma (Jeux d’enfants).
Si le nom vous évoque quelque chose, c’est sans doute grâce au succès de mode de Les Trois Copains dont le refrain légèrement politiquement incorrect (Vive le chocolat, l’héroïne et la vodka) a été le gadget du printemps même si elle a pu assurer des premières parties de Miossec. Le risque était grand d’avoir composé autour de lui un album de remplissage. Il n’en est rien heureusement rien.
Alors que beaucoup des chanteuses ont choisi le ton doux-amer pour se plaindre gentiment de leur vie, souvent avec bonheur d’ailleurs, Constance Verluca campe un personnage de femme sure de ses charmes (elle peut bien notez), un peu délurée sur les bords (Je Suis Majeure) ou beaucoup (Je simule), voire carrément odieuse (C’est Faux ou elle est triste de voir que son ex se remette d’elle, Tu Es Laide). On est souvent dans la dérision, la distance, l’ironie. C’est ce second degré jamais débranché qui la confine à un public preneur d’autant de faux cynisme. C’est Le Moment De Mourir la montre sous son jour le plus favorable. C’est chanté sérieusement sinon ça ne marcherait pas. Musicalement, ce titre est fort proche du style revival sixties pratiqué récemment par El Perro Del Mar.
Sa façon de ne pas savoir chanter peut fonctionner mais pas seulement. La fin de Matt Dillon est assez, disons, éclairante à ce propos. Une reprise surprise à la radio apporte la confirmation qu’on est assez loin d’Anaïs ou Jeanne Cherhal. Sa voix est un peu limitée et c’est quand elle joue sur cette limite pour feindre l’ingénuité (Les Trois Copains) que ça se révèle être une qualité. De même, Je Suis Majeure dégage une vraie sensualité. Quand la voix monte, on pense même à Els Pynoo (Donne-Moi Ta Vie)
C’est un premier album donc ça tire un peu dans tous les sens, du space-rock seventies (Je simule) au minimalisme le plus absolu (Les Trois Copains), en passant par le neo folk à la Jana Hunter (Blues). Espérons juste qu’elle pourra faire un tri judicieux. La bonne idée de base était d’aller dégotter à Los Angeles Noah Georgesson, le batteur et producteur du guru du nouveau folk Devenda Banhart. Ce qui donne une certaine simplicité ainsi qu’une bonne qualité générale. On n’a dès lors pas l’aspect kitsch involontaire du dernier Vincent Delerm ou Carla Bruni. Tout n’est pas réussi, loin de là, mais c’est plus souvent par choix que par négligence. On doit quand même signaler l’un ou l’autre ratage patenté (Ding Dang Dong).
En plus de l’aspect bien troussé des textes (ce n’est pas Sandrine Kiberlain) puisque je pense que c’est une fille foncièrement drôle (ses interviews ou son analyse piste-par-piste de son album sur myspace sont réjouissants), on notera un sens mélodique jamais démenti. Surtout dans la simplicité à la Nick Drake (Le Clown Et Le Soldat). C’est tellement classique qu’on l’impression qu’on a déjà entendu ça (Judas). Il me vient même une moche idée : c’est une mélodie qui évoque les thés dansants à l’accordéon par sa facilité pas toujours de bon goût. Plus gentiment, on dire que c’est super classique. On a déjà vu un thème pareil chez Borgès. Je doute très fort qu’elle s’en soit inspirée, c’est juste une occasion de la ramener.
Une fois un premier tri effectué, il reste pas mal de bonnes choses sur ce premier album de Constance Verluca. Un ton bien à elle, d’une ironie non feinte et très bien dosée et une certaine jolie sobriété musicale lui donnent sa place dans un très morne chanson française. Si elle arrive à se hisser au niveau des meilleurs morceaux de cet Adieu Pony, on a tout intérêt à la tenir à l’œil.
Encore une fois, je vos invite à vous faire une opinion sur myspace
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