lundi 22 octobre 2007, par
La nouvelle loi de Murphy
Avant de se lancer dans la critique proprement dite, il est bon de se soumettre à un petit rappel des épisodes précédents, histoire de faire descendre la pression artérielle et mettre en perspective les attentes légitimes que suscitait ce nouvel album de Roisin Murphy. Il faut tout d’abord rappeler que la jolie Irlandaise était la moitié de Moloko, qui a débuté sur les restes de la vague trip-hop avant de décrocher la timbale avec un funk blanc du plus bel effet. Puis, après une épuisante dernière tournée ponctuée d’un DVD (10000 Clics) et d’un best-of (Catalogue), ils ont décidé de suivre des chemins musicaux différents. Assez perturbant en première écoute, Ruby Blue, composé et arrangé par le turbulent Herbert était un des albums les plus intéressants de ces dernières années. Donc, la barre est placée très haut d’emblée et on a été vite persuadés qu’Overpowered, le single, aurait du mal à la passer.
Après une première écoute qui m’avait passablement déconcerté et déçu, j’en suis venu à des sentiments meilleurs. La raison est qu’encore une fois, c’est le style pratiqué qui est inhabituel pour moi. La dance n’est pas mon rayon, encore moins cette disco futuriste. Il faut quand même remarquer que la performance de l’Irlandaise est encore une fois impeccable. Il faut que le souvenir du premier album se dissipe (c’était un de mes favoris de 2005) pour entrer dans l’ambiance. Malheureusement il reste des révisions light de gimmicks qui fonctionnaient avant. Par exemple Checking On Me semble le petit cousin moins doué du prenant Ramalama qui figurait sur Ruby Blue. C’est maladroit comme référence si vous voulez mon avis parce qu’à la base, cet album ne se présente pas du tout dans la continuité du précédent.
C’est sans doute une preuve de sa versatilité mais on en vient à se demander si son meilleur album n’aurait-il été qu’une parenthèse tant un morceau comme Let Me Know sonne comme du Moloko. C’est qu’elle a une grande capacité d’adaptation, avec Une attitude qui peut passer de l’arty (les tenues délirantes du packaging actuel) au trash (la pochette de Statues). Il y a un outre évident décalage entre l’originalité des tenues arborées sur les photos ou dans les clips et la sagesse musicale qu’elle appuie.
Sorti de leur contexte et une fois qu’on a définitivement éloigné le spectre de Ruby Blue, on pourra même profiter de Primitive ou Dear Miami. Pas à la première écoute, je vous le concède. C’est que la limite entre ce qui passe et ce qui ne passe pas est très floue, changeante qui plus est. Mais on reste quand même bien au-delà du niveau d’une vulgaire Madonna et la raison en est simple : Rosin est une excellente vocaliste.
Pour les ressemblances frappantes, on ira chercher du côté d’un Goldfrapp produit blanc (Movie Star, Cry Baby). Si les élucubrations de la charmante Alison correspondent à vous goûts, vous avez une blonde à ajouter à votre discothèque. Il y a surtout de l’inoffensif (Tell Everybody), voire des moments qui sont un véritable défi à l’attention (Scarlet Ribbon qui parle de son père). C’est joliment composé, délicatement écrit, subtilement arrangé, de telle sorte que rien ne dépasse. C’est souvent ce qui arrive, en voulant faire un album qui plait à tout le monde on en vient à faire un album qui ne déplait à personne. Le consensualisme tiède est ainsi souvent la caractéristique de la musique qui passe à la radio, qui sera la définition minimale qu’on donnera du maintream. C’est quand même un album qui me donne l’impression d’acheter des vêtements, corvée rare chez moi qui s’accompagne d’une irritation vis-à-vis de la dance sensée me donner une impulsion d’achat. Quand j’entends Let Me Know, je me sens en période de soldes.
De même qu’il y a de temps en temps un frémissement (Cry Baby qui se présente comme de la chair à remix), la faute de goût est quand même bien présente de temps en temps. Par exemple, un sale petit synthé déforce encore un Footprints qui n’avait déjà pas besoin de ça. Les occasions de m’irriter ont donc été presque aussi fréquentes que celles de m’enflammer sur cet Overpowered. Je me rends compte que je suis en train d’expliquer que c’est un album qui est bon à condition de ne pas l’écouter sérieusement.
Roisin Murphy patine donc un peu, prouvant qu’elle est capable du meilleur quand elle est bien entourée comme du pire si ce sont des velléités dance qui lui sont proposées. Rompant délibérément avec l’intransigeance sonore du précédent, il se situe dans la lignée des derniers Moloko pour l’établir comme Diva moderne. Personnellement, le côté organique tellement bon en live me manque beaucoup et je conclurai donc que c’est plus un problème de destinataire. Je suis et resterai plus client des versions live épiques de Forever More ou Sing It Back (trouvez ça sur la toile, c’est du bonheur en tube) ou de la pop complexe de Ruby Blue que de la dance pour podium fashion.
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