jeudi 29 novembre 2007, par
Hippie hourra
Peut-être que je suis trop influençable. Quand je lis l’enthousiasme de Pitchfork et de Diskatibo, ma curiosité est piquée en tout cas. Et la piqûre se fait encore ressentir.
Entrons dans le vif du sujet. La famille musicale de Bodies Of Water est assez facile à cerner. On pense parfois qu’ils sont le chaînon manquant entre Arcade Fire et I’m From Barcelona, ça sonne un peu comme si The Decemberists avaient formé une chorale ou si My Latest Novel avait rejoint une communauté Hippie. C’est que les gusses proviennent de Californie, qui n’a pas pour habitude de nous bombarder de productions de ce style qui fleurissent plutôt du côté de Montréal ou Toronto. Si vous vous reconnaissez comme amateur des groupes ci-dessus et si la modestie et l’intimité ne sont pas des ingrédients incontournables pour la réussite d’un album, vous pouvez pratiquement faire l’économie de la lecture de ce qui suit et vous mettre en chasse de cet Ears Will Pop and Eyes Will Blink. Pour les plus patients, je vais préciser ma pensée.
Quel est l’ingrédient de base de ces joyeux drilles ? Les voix. Le line-up a beau ne mentionner que quatre personnes, l’impression de beaucoup plus est manifeste dès les premières notes. C’est ce qui leur donne ce souffle, cette ambition. Si un concours eurovision des groupes indie était organisé, on les verrait bien comme lauréats. Ne vous y trompez pas, pas la moindre trace de sucre ici, mais la certitude de renverser tout sur son passage à coups d’hymnes est manifeste. Pour appuyer une ambition pareille, il faut de grands morceaux. Et, coup de bol, il y en a un paquet sur ce premier album. Les compositions s’étirent, prennent leurs aises, s’amplifient à coups de hoho (le très dense It Moves), varient à l’infini (These Are The Eyes). Si l’impression d’un Arcade Fire entièrement fait à la bouche étreint parfois, il y a quand même des orchestrations, un violon, voire un solo de temps en temps, le temps de prendre une pastille à la menthe sans doute. Mais pas de démonstration, juste le souci de cohérence.
Les morceaux sont destinés à être interprétés tels quels, on sent derrière chaque note la volonté d’emphase qui participe à la composition même. Certaines harmonies vocales sont même très réussies. Une fois encore, quand le morceau ne repose que sur ça c’est moins bien (We Are Co-Existors).
L’intensité pure est bien présente et les moyens de leurs ambitions sont bien en place, mais le potentiel d’émotion n’est quand même pas identique au name-dropping de coups de cœur du second paragraphe. Ce n’est pas un tort croyez-le bien mais le registre est plus léger, pas plombé pour un sou. Il suffit juste d’être d’attaque pour une séance de chant de groupe. C’est qu’en de rares occasions, ils se laissent emporter par leur enthousiasme et le clavier qui ponctue Doves Circled The Sky semble emprunté à Abba qui ne constitue pas exactement la référence que je dégaine le plus. Mais ce sont des chansons ou ‘il se passe quelque chose’ selon la floue terminologie. L’ennui est donc banni et ce n’est pas le moindre mérite de cette joyeuse bande qu’on brûle de voir en direct.
La voix de la chanteuse peut même se montrer plus fragile (I Forget The Sound, I Guess I Guess) mais les chœurs veillent au grain pour l’accompagner. La connivence s’installe de toute façon assez vite et la facilité mélodique aide grandement. Disponible seulement en ligne ou aux concerts pour le moment, cet album va bénéficier d’une sortie mondiale via le label Secret Canadian (Antony And The Johnsons, I Love You But I’ve Chosen Darkness, Frida Hyvönen, Jens Lekman,…) le 22 janvier. La déferlante de cette plaque vraiment galvanisante arrive, on vous aura prévenus…
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