lundi 26 novembre 2007, par
Outing
Il faut que je vous dise tout d’abord que je n’écoute pas de musique à la radio. Les canaux de diffusion sont de nos jours plus diversifiés pour nous imposer une majorité de titres qu’on subit par rapport à ceux qui nous emballent. De plus, le format court et la volonté d’audience tuent dans l’œuf toute velléité d’originalité. La limite entre promo et découverte est à ce point floue que la suspicion guette au détour de chaque note. Autant dire que les chansons que j’y entends qui ne me font pas zapper vers des stations avec des gens qui parlent ne sont pas très nombreuses. Foundations de la charmante Kate Nash fait partie de ces exceptions. Légère sans pour autant avoir l’air de sortir du studio des rares producteurs qui cartonnent, elle m’a donné envie d’approfondir le sujet, à savoir me procurer l’album complet.
Pour ceux qui ont succombé comme moi au single, allez-y sans crainte, c’est aussi bon. Pour les mêmes, attention quand même, ça n’a presque rien à voir. C’est que ma bonne surprise vient aussi du plaisir de découvrir ce que je ne venais même pas y chercher.
Première constatation, la gouaille affichée est présente de bout en bout. De la dispute peu larvée du simple à la sensibilité plus poussée de certains autres titres, c’est une belle panoplie de sentiments à laquelle on a droit. Alors qu’on l’attendait comme orfèvre pop, c’est à une songwriter inspirée et sobre qu’on a affaire. Avec même cette bizarre tendance déjà aperçue sur les premiers albums de Miossec de phrases mélodiques contenant trop de mots (Birds). L’écriture est donc mise en avant. Ce sont évidemment ceux que les textes intéressent qui seront intéressés en priorité. Les allergiques aux accents anglais trop typés par contre vont passer un sale quart d’heure. Pour ma part, c’est une des composantes du charme. C’est pour ça qu’on peut sans difficulté absorber des chansons dont l’argument est « What are you a shithead for » (Shithead) ou « Baby don’t give me shit ‘cos you know you so full of it » (Shit Song) sans que ça devienne trop graveleux.
La voix est parfois déroutante, passant d’un bref moment d’égarement björkien (We Get On) à la caressante conversation de Feist. Entre ces deux extrêmes et sans se hisser à la hauteur de ces deux organes d’exception, elle garde une personnalité certaine. Sa voix un peu brisée la sauve même souvent du mièvre (We Get On).
D’une manière générale, elle nous gratifie d’une pop au piano un peu comme celle que propose Regina Spektor, la mâtinant d’une couche de soul vinage qui fait fureur (Amy Winehouse). Si on ne soupçonne pas le cynisme de la démarche, on se bornera à constater que ça colle à l’air du temps. De temps en temps, on a des morceaux plus déconcertants, partant, s’arrêtant et délirant. On pense aux premiers exercices de Jeanne Cherhal de ce côté-ci de la manche (Mariella). Mais une guitare et un violon peuvent suffire à souligner une déclaration assez poignante (Nicest Thing).
Il y a toujours eu dans la pop anglaise ce goût du quotidien. Une tradition dans laquelle on a retrouvé récemment Arctic Monkeys, The Streets et dans laquelle Kate Nash s’inscrit avec un talent déjà affiné pour ses 20 printemps. C’est donc dans la justesse et la sincérité qu’il faut chercher les qualités plutôt que dans la folle poésie.
Vous avec compris dans et entre les lignes que j’ai passé un très bon moment (en tout bien tout honneur) à la demoiselle. Elle dégage un talent tellement éloigné de la futilité qu’on soupçonne qu’elle s’installe chez nous pour un petit moment. Après l’exigence de la plupart des groupes traités ici, c’est presque un outing que j’assume pleinement.
Nous sommes en 2013. Après un premier album acclamé emmené par le tube Foundations, la star de Myspace a confirmé avec My Best Friend Is You la plupart des espoirs placés en elle et la voici en position de définitivement asseoir son statut avec un troisième album traditionnellement piégeux. Mais elle va relever le défi.
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