jeudi 3 janvier 2008, par
Instantané actuel d’une carrière
C’est un usage bien établi et presque caricatural en chanson française, dès qu’un album marche, la tournée qui suit est consignée sur un album live. Même les débutants ont droit à cet égard. Et frôle même le ridicule quand l’album précédent est lui-même un live (Anaïs). Mais les anciens duettistes de la nouvelle chanson échappaient à cette règle. Je mets le verbe au passé parce que Miossec s’est fendu d’un Brest-of qui propose sur un Dvd bonus une captation live et que débarque ce concert de Dominique A.
Mais ce n’est pas complètement la même chose. Tout d’abord, parce qu’il ne reste que trois titres de l’excellent dernier album studio, L’Horizon. Ensuite parce que la démarche artistique est légèrement différente. A l’instar de Jean-Louis Murat, dont les précédents Murangostang et le double Live Au Grand Air – Live In Dolores furent plus des terrains d’expérimentations que la célébration d’un répertoire récent avec foule hystérique, ce concert permet de revisiter les précédentes productions de Dominique A en tentant des versions neuves.
Le Courage Des Oiseaux (quinze ans d’âge) est un exemple typique de ce live, à savoir une nouvelle mouture, plus rock, du morceau. On sent que les musiciens aiment cette façon qui est aussi convaincante dans un concert, comme Antonia dont les défoulements guitaristiques se relèvent d’une inutile mais vraisemblablement défoulante rock attitude. De même, Pour la peau vire dans un vrombissement (enfin tout relatif) de guitare après s’être fait gratifier d’une introduction plus longue et purement instrumentale. Mais heureusement il ne s’est pas contenté de mettre les doigts dans la prise pour ces réinterprétations. Il garde sa facture classique sur Le Bowling (qui m’était inconnu), un morceau caractéristique de son style, à la deuxième personne, au contenu implacable, un peu mélancolique mais dénotant un grand appétit de vivre. On se rend compte qu’il a une vraie ‘patte’. Il reste une personnalité talentueuse et originale, donc forcément attachante.
Tout ne m’a sans doute pas bouleversé. En effet, les structures harmoniques comme à leur habitude reposent sur une idée simple poussée dans ses derniers retranchements. Certains morceaux pourront donc sembler longuets (Tout sera comme avant, Marina Tsetsaeva) mais comme le propos est toujours subtilement écrit on écoute. Dans le même ordre d’idées, Music Hall ne me passionne toujours pas. Les deux autres survivants de la dernière livraison studio restent par contre impeccables (L’Horizon et La Relève). On n’égrène pas de vieilles rengaines vu que l’exposition médiatique n’est pas exagérée. On retrouve dès lors avec plaisir des morceaux comme Antonia ou Le Commerce de l’Eau.
Il ne faut pas donc voir dans ce live une célébration d’une tournée triomphale ni même une façon subtile de fourguer un best-of mais une captation de l’état d’avancement à un temps t d’une des meilleures discographies dans notre langue. C’est à ce titre qu’il pourra aussi bien satisfaire les fans que les curieux.
C’est via un très bel EP qu’on avait découvert Mirabelle Gilis et on avait constaté qu’elle donnait un bon coup de fouet à Miossec qui a toujours eu besoin d’un apport extérieur pour se dépasser (on pense à Yann Tiersen sur Finistériens). On espérait que cette collaboration continue mais on ne l’imaginait pas sous cette forme.
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