lundi 19 mai 2008, par
Un poids lourd de la légèreté
Quand j’ai lu pour la première fois le titre avec son point d’exclamation, j’ai pensé à la blague du lapin sourd. Comme ça ne donne rien par écrit, je vais vous l’épargner. Le nom en fait vient de ce que cet album a été écrit et composé dans un bungalow à Bornéo, où il est allé chercher un calme pas parisien et l’oubli de sa rupture. Ce relatif isolement lui a visiblement réussi, puisque cet album apparaît comme le plus abouti de sa discographie.
Collaborateur d’un pan énorme de la chanson française (trop de noms à citer, allez voir sur wikipedia), c’est le troisième album d’Albin De La Simone en tant qu’artiste solo dont on va parler. Plus que de la chanson française, on parlera plutôt de pop en français, ce qui est plus délicat et plus judicieux. C’est que ce n’est pas une marionnette à la merci des producteurs, et qu’il mène sa barque comme il l’entend, avec de vraies bonnes idées à la clé. Par exemple, les chœurs, très chouettes parce qu’ils apportent un petit décalage, sont en fait dus à Albin lui-même, la voix étant bidouillée comme il se doit. L’effet est très ludique et rehaussent aussi habilement un Sympa, les calembours (il m’a fallu plusieurs écoutes pour me rendre compte du procédé… lent je suis) de Vendéen ou encore la langueur de J’avais Chaud.
Côté thèmes, on pourrait croire au grand écart entre les réflexions mélancoliques du Tire-fesses et les saillies plus ludiques ou carrément loufoques de N’importe Quoi, mais le ton est cohérent d’un bout à l’autre. Ce mélange de petites observations quotidiennes et de folie douce marche en tout cas fort bien. On évite les deux pièges tendus par le glauque d’un réalisme apeuré et la poésie pour la poésie. En gros, un humour discret mais efficace est le remède choisi contre la mièvrerie. Car si c’est léger (on est dans de la pop, pas de la variétoche quand même), c’est souvent touchant. L’écriture aussi se resserre et puis, il y a de bonnes chansons, tout simplement, de celles qu’on peut écouter souvent sans jamais se lasser (Sympa, Catastrophe, J’aime Lire).
Après moult collaborations, Albin De La Simone prend de plus en plus confiance en tant qu’artiste solo. Il a pour lui un passé d’arrangeur qui donne de fort simples mais jolis atours à ces pièces à la fois sucrées et amères et légères. Leur somme constitue un album qu’on conseillera vivement à tout amateur de belles choses pop, quelles que soient ses aspirations linguistiques d’ailleurs.
C’est via un très bel EP qu’on avait découvert Mirabelle Gilis et on avait constaté qu’elle donnait un bon coup de fouet à Miossec qui a toujours eu besoin d’un apport extérieur pour se dépasser (on pense à Yann Tiersen sur Finistériens). On espérait que cette collaboration continue mais on ne l’imaginait pas sous cette forme.
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En matière de reprises, ce qui importe souvent plus que le matériel repris, c’est la façon de reprendre, le regard posé sur l’œuvre. Le matériau de base est une collection de morceaux très anciens, collectés au XXème siècle par des Alan Lomax hexagonaux. Ils décrivent par la bande la condition féminine rurale de leur époque et sont non seulement des témoignages précieux, mais ont été choisis (…)