mercredi 25 juin 2008, par
Qui fait le moins donne le plus
M’énervent Pitchfork. Quand ils conseillent un groupe, il y a toujours une chance que ce ne soit pas terrible, qu’on puisse vite retourner à la liste de critiques qui attendent une couche de finition pour pouvoir vous être soumises. Et puis on écoute The Dodos sur leurs recommandations et on réalise qu’on va rester un petit temps dessus. Mais bon, il faut être d’accord de concéder un peu de déterminisme pour tomber sur des albums intéressants.
Que Syd Barrett repose en paix. Son héritage a peut être été galvaudé par son groupe, devenu mastodonte aujourd’hui convenu, mais il y a toujours une armée de frappadingues qui savent qu’une folie habilement canalisée est le plus certain générateur d’euphorie et n’a pas besoin d’énormément de moyens. Le duo californien l’a très bien compris pour son second album. Un battement, un arpège, une voix (deux si on compte le fausset) et on a Undeclared et c’est tout de suite bien.
Winter est une petite leçon de minimalisme à lui tout seul. Pour une bonne partie du moins, il se contente d’une guitare au son aigrelet (ou un très mode ukulélé ?) et d’un roulement en fond pour dérouler. C’est d’un impact maximum, ça colle à l’oreille quoiqu’on fasse tant la mélodie est accrocheuse. Et pour ne pas lasser, il y a des incursions judicieuses de cuivres. C’est juste un exemple de leur style. Qui peut s’épanouir sur la longueur avec un Joe’s Waltz en deux parties, la première étant un folk acoustique relevé de percussions simplissimes (vous remarquerez que c’est leur fonds de commerce), la seconde une sorte de boogie-blues tout aussi acoustique et déglingué, le tout étant une des pièces les plus surprenantes de cette année. Ou encore God ? qui termine l’album, comme souvent (voyez Islands ou Wolf Parade récemment), par un morceau plus long, complexe et partant dans plus de directions, même si leur style reste le même.
Il y a cent façons non conventionnelles de prolonger la tradition du blues. Paint The Rust n’est pas la moins plaisante du lot. On pense à une version acoustique des délires énervés des White Stripes. Vous devinez qu’il faut des mélodies solides pour que la mayonnaise prenne et vous avez raison. Sans être des orfèvres pop, ils en truffent leurs morceaux. C’est souvent simple et direct là aussi. Le plus déconcertant, c’est que malgré la relative sècheresse, on ne laisse jamais tomber le tempo. Pas de balades, de langueur ici. Pas de mollesse ni de lenteur non plus. Encore une fois, c’est la batterie qui maintient ces morceaux sur les rails (Fools). Finalement, ça sonne assez neuf et frais. Comme tous les groupes qui ont une ‘patte’, je vais répéter la même analyse : il y a des chansons où ça marche et d’autres ou ça fonctionne moins. Mais pas de scories permettant de voir les ficelles, non, simplement quatorze titres c’est peut-être le maximum.
Nous sommes en 2008. Les objets bizarres arrivent de partout. Et il en faut du cran pour se lancer sur la scène actuelle. A l’aide d’idées toutes simples comme de la guitare acoustique, des éléments de blues et une batterie simple et énervée, ils arrivent à trouver le ton juste et une vraie originalité. C’est sans doute un des ovnis les plus accessibles et attachants de ces derniers temps si vous voulez mon avis. Des albums qui donnent le sourire, je me rends bien compte que je n’en suggère pas des quantités énormes. Profitez donc de celui-ci pour les vacances imminentes.
Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
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Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)