mercredi 13 août 2008, par
Essayez le naturalisme
Un nom crétin, une origine de Montréal et un potentiel hymnesque prometteur, voilà ce qui m’a donné envie de me frotter à Plants and Animals. J’ai un article pour vous encourager à faire de même. C’est parti.
Vous savez ce qu’il faut pour réussir un bon cocktail. Si vous mélangez les gouts et les couleurs sans cohérence, vous avez toutes les chances d’obtenir un peu appétissant mélange brunâtre. C’est pareil en musique, on tombe vite dans le brouet. Dans le cas qui nous occupe, le résultat est assez appétissant. En partant d’éléments déjà fort bien choisis mais pas toujours faciles à cuisiner comme une certaine idée du psychédélisme historique, celui d’un Pink Floyd à la charnière des années ’60 et ’70 (pas les vocalises sous emprise psychotrope en vogue actuellement) et un folk un peu pompeux mais réjouissant (la moitié de Montréal, Arcade Fire en tête), ils créent grâce à une bonne maitrise technique et des idées un des albums marquants de ces mois-ci.
Du premier élément il subsiste des traces de comptines presque hippies (Early in the Morning, Sea Shanty) qui peuvent sembler sortir de la BO d’un vieux Barbet Schroeder (référence cryptique si vous ne savez pas que c’est Pink Floyd qui s’en chargeait) des éléments d’acid-rock et d’une manière générale un son de section rythmique rond et généreux qui flirte aussi parfois avec un muret du son à la Broken Social Scene (Feedback in The Field).
Du reste, ça a des airs de My Latest Novel (Faerie Dance) avec qui ils partagent ce mélange de folk presque anodin et de passages bien plus inspirés et puissants. Mais le plus remarquable est qu’ils proposent les deux souvent au sein d’un même morceau. Et le mélange prend presque toujours. C’est que loin du minimalisme qui guette la musique dite indépendante, ils n’hésitent pas à jouer sur la dualité langueur psyché/ ampleur. Il en ressort une certaine grandeur qui pourra passer pour pompière j’imagine. Surtout sur le paradoxalement nommé Bye Bye Bye qui ouvre l’album.
Mais une fois qu’on pense avoir compris le principe, on a un clash assez étrange à priori entre un riff de type caribéen et un refrain de chœurs funky sur le survolté Mercy. Et ils assurent aussi dans la jam endiablée (Guru) qui semble sortie des années ’70, les trips onanistes en moins parce qu’on est en 2008 tout de même.
Comme trop souvent, il m’a fallu tourner autour du bâtiment pour en trouver l’entrée. Et c’est un live de KEXP qui m’a signalé la clé. C’est donc encore avec les précautions d’usage que je vous confie ce nouveau groupe de Montréal. Car oui, c’est de ce puits sans fond que proviennent ces trois énergumènes. C’est à la fois le problème et la chance d’un critique. Le problème parce que l’accumulation de longs rounds d’observation nuit à la découverte mais un peu de persévérance permet de rentrer dans plus ou moins tout (de Snowden à Animal Collective). Il y a encore quelques semaines, j’aurais conclu à une énième venue de Montréal et pas la plus marquante. Mais quand on a perçu la singularité de leur potentiel hymnesque, la variété de leurs compositions, il n’y a qu’une solution : rendre les armes et succomber.
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