vendredi 5 septembre 2008, par
La récré des anciens
David Byrne. Brian Eno. Si vous écoutez de la musique, ces deux noms doivent avoir au moins un écho (écho écho). C’est que les deux gaillards ont chacun un CV long comme un jour sans pain. Chacun de leur côté bien évidemment, mais aussi ensemble. Nous ne positionnons pas dans le créneau ‘classic rock’ mais pour bien prendre la mesure de l’évènement, il n’est jamais inutile de brosser les grandes lignes des carrières de ces personnalités qui ont contribué à ce que la musique d’aujourd’hui ressemble à ce qu’elle est. Allez voir sur Wikipedia, résumer deux parcours pareils n’a pas de sens.
Leur travail commun a culminé avec leur toujours bluffant My Life In The Bush of Ghosts, sorti en 1981. Il est de ces pierres angulaires, de ces albums qui ouvrent des voies dans lesquelles vont s’engouffrer bien des artistes. Et ce qui ne gâche rien, c’est toujours aussi pertinent et agréable à l’oreille plus d’un quart de siècle après sa sortie. Même la pochette ne trahit pas l’époque. Intemporel on vous dit. On peut y trouver la grammaire de bien des choses entendues depuis, notamment un usage alors vraiment novateur de samples. Vu de 2008, c’est un peu dérisoire mais je ne peux que trop vous conseiller ce chef-d’œuvre (je n’emploie jamais ce mot) dont les retombées se font encore sentir. Autant dire que la réunion inspire au moins la curiosité, si pas l’attente.
Et la première réaction, comme souvent, fatalement presque, est assez déconcertante. C’est qu’il n’y a rien de formellement révolutionnaire ici. Et il n’est pas inutile de révéler la genèse du projet. Brian Eno avait un petit paquet de compositions qu’il trouvait bien, certes, mais qui manquaient de voix. Quand on a comme lui un carnet d’adresses comme le fichier des renseignements généraux, on va tout de suite au meilleur. Il a donc suggéré à David Byrne d’écrire des paroles et de les chanter. Un long processus d’échange et de polissage commence alors, pour terminer par un enregistrement, une sortie digitale (le 18 août) puis ‘physique’ (ça sera en octobre)
Qu’est-ce que ça donne à l’écoute ? Le Home qui ouvre n’est pas engageant, certes, mais est assez éclairant sur leurs intentions et donne le ton de l’album. On aura donc la voix de David Byrne sur des nappes élaborées. C’est voulu, je cite, comme « un mélange d’ambient et de gospel ». Ce n’est pas très loin de ça en effet. My Big Nurse est une pure balade acoustique dans ses intentions qui aurait pu se trouver sur le premier EP d’Arcade Fire. C’est pop, avec de vraies mélodies dedans (Life Is Long) comme sur certains Beatles tardifs. Mais qu’on se rassure, jamais la moindre once de sucre, de mièvrerie ne vient gâcher le plaisir. La voix n’est de toute façon pas exactement caressante même si on pense à Divine Comedy pour la légère affection.
A quoi auraient ressemblé les Talking Heads (l’immense groupe de David Byrne pour inutile rappel) s’ils existaient encore ? Peut-être à Strange Overtones ou Poor Boy. C’est que l’introduction de groove, voire d’aficanismes n’a pas attendu Vampire Weekend pour se faire, et cette musique estivale (Strange Overtones) vient le rappeler.
Il y a aussi de meilleurs moments comme I Feel My Stuff qui présente plusieurs ambiances. On se rappelle alors qu’Eno avait collaboré à Outside de David Bowie (et surtout à son impeccable trilogie berlinoise mais c’est une autre histoire) et on retrouve ces claviers alambiqués, ces bienvenus éclairs de distorsion mais ce réveil est malheureusement un peu isolé dans l’album. C’est qu’il faut le voir comme la récréation de deux vieux briscards qui n’ont absolument plus rien à prouver. C’est donc un disque récréatif, à la complexité sous-jacente, mais qui peinera à dépasser la musique de fond
Certes il n’est pas indigne cet album, mais c’est en vain que vous y chercherez l’aventure que les deux protagonistes auraient pu vous proposer. C’est constamment charmeur, jamais vraiment ennuyeux mais on exige plus que de la musique de fond d’une paire qui a tout simplement fait faire des pas de géants à la musique contemporaine. Mais il faut être juste, ceci est une récréation de très haut niveau, dont ni l’écriture, la composition ou l’interprétation ne pourront être pris en défaut.
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