mercredi 5 novembre 2008, par
Vincent retourner maison
Pour moi, il serait plus simple de simplement détester Vincent Delerm. Je pourrais étaler tous les griefs, mettre à jour des tics et habitudes qui se voient comme un Gille de Binche dans une congrégation de Mormons, et tout le monde serait content (sauf Delerm qui s’en cogne). Seulement voilà, Vincent Delerm, j’aime bien. Et les hasards biographiques font que je me retrouve être dans l’écart-type très faible des personnes susceptibles de comprendre une bonne partie de ses références. Malgré son album précédent que j’avais copieusement détesté pour son ratage de cible systématique, j’étais curieux de le retrouver.
Et on le retrouve avec toujours les mêmes cibles : la pop précieuse de The Divine Comedy par exemple. L’inutile (dans le cadre de la chanson je veux dire) section de cordes de Tous Les Acteurs S’appellent Terence (il a pris goût aux longs titres intrigants) ne laisse aucun doute là-dessus. Name-dropper les Tindersticks un peu plus loin, sans compter un morceau complet sur une prestation des Beatles au Shea Stadium est aussi révélateur.
La vie est une question de choix veut le cliché. Dans le cas de la discographie de Vincent Delerm, c’est encore plus vrai. Après un second album classieux puis des choix calamiteux, la lucidité dont il fait montre ici fait plaisir. Non seulement certains moments vraiment glauques du dernier album ont complètement disparu, mais la bossa poussive et les essais de variété seventies sont également absents. Pourtant on retrouve toujours, entre autres, Peter Von Poehl et Albin de la Simone dans les collaborateurs. Mais ces deux-là ont de sacré réussites à leurs palmarès, citons dans un passé récent le second album de Marie Modiano pour le premier nommé et un dernier album plein d’idées pour le second. Il a aussi un peu renoncé à essayer de faire évoluer sa voix hors des sentiers de son ton déclamatoire qui reste peut-être son seul salut, à l’instar d’un Eddie Argos (Art Brut)
Pour le reste, on retrouve ces morceaux basés sur des répétitions d’une bonne idée qui font partie intégrante du style. Mais les quinze chansons de cet album au titre peu mensonger sont souvent courtes, ce qui fait que jamais un procédé ne dure trop longtemps pour s’éventer. Et le name-dropping est le plus souvent cantonné à des chansons uniquement basées là-dessus (From A Room, Shea Stadium. Parmi celles-ci, on remettra d’ailleurs à Un Tackle De Patrick Vierra N’est Pas Une Truite En Chocolat un accessit pour le titre le plus abscons de l’année. Le propos aussi d’ailleurs.
Finalement, ce qu’on pourra mollement regretter, c’est l’absence de morceau qui se détache des autres. Il a privilégié les petites vignettes aux singles, même si la simplicité d’un sympathique Il y a un temps pour tout est ce que je préfère. Et il fait mouche aussi sur la fin d’un Adam et Louise qu’on se rend compte de la profondeur de ce drame ordinaire, comme ça, sans lourdeur, au plus près des gens.
Même si ce n’est pas un retour à la sobriété initiale, l’abandon d’un certain kitsch seventies fait plaisir à entendre. Après des Piqûres d’Araignée qui me grattent encore (j’ai réécouté pour vérifier, c’est toujours pas bien), il se concentre sur ses qualités et fait de bien meilleurs choix de production pour un album que j’ai pu écouter souvent. Ces Quinze Chansons ne sont certes pas toutes des morceaux d’anthologie mais confirment que l’écriture de Vincent Delerm est toujours aussi alerte. On ne la changera sans doute plus, et tous ceux qui sont irrités par ses tics ne réviseront pas encore leur avis, mais les autres auront quinze chansons de plus à découvrir.
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