mardi 24 mars 2009, par
Je ne veux pas mourir idiot
Ne pas mourir idiot est une des craintes couramment partagées par les critiques en goguette que nous sommes. Parmi la foule de conseils plus avisés les uns que les autres, il apparaissait que le post-rock des Japonais de Mono était de ceux qu’il me semblait le plus pertinent de suivre. Le genre étant souvent affaire de spécialistes passionnés, il ne faisait que peu de doutes que je me devais de profiter d’une sortie pour approfondir un genre que j’aime toujours, même s’il n’a que peu figuré dans ces colonnes ces derniers temps.
Donc, après Mogwai, Explosions In The Sky, Sigur Ros et surtout Godspeed You ! Black Emperor (claque de course qui me cuit encore), voici un des piliers de la loi de ce genre un peu nerdy mais tellement viscéral. Je profite d’ailleurs de cet articulet pour faire un appel à l’équipe. Ne connaissant absolument pas ce qu’ils ont pu faire avant, par quel bout dois-je prendre leur discographie ?
Il est donc temps de se plonger dans cette cinquième livraison des Japonais, produit par Steve Albini. Il compte des violons à foison vu que la liste des musiciens invités est longue comme un jour sans pain (j’en ai compté 27), mais l’emploi est ici radicalement différent. On peut penser à la voie médiane entre les violons sauvages des Canadiens et le tout à la guitare lacrymale des Texans. Alors, oui, il y a des guitares bouillardeuses, intenses, une batterie qui amène du relief même si elle n’est pas en avant du mix, de vrais moments qui font vibrer, le tout en installé patiemment sur des plages qui peuvent devenir fort longues. Mais c’est dans le cahier des charges, c’en est presque devenu une obligation. Les deux premiers morceaux par exemple font partie de ceux que j’ai le plus écouté cette année. Ce qui est à signaler vu leur longueur conséquente. Quand on a déjà eu l’occasion de se frotter au genre, la surprise n’est plus de mise mais qu’importe, l’anticipation la remplace. On voit venir les montées, mais, à l’instar des grosses vagues qu’on voit de loin à la mer et qu’on pressent se prendre dans la tronche, on ferme les yeux et on sourit. La seconde partie du meilleur morceau de l’album, Burial At Sea, est comme ça, on en ressort un peu décoiffé mais on guette la suivante. Et c’est là qu’on constate leur maitrise des ambiances. Alors qu’on pourrait avoir simplement un morceau d’atterrissage après des émotions fortes, Silent Flight, Sleeping Dawn se révèle un puits de spleen. De quoi ne pas laisser retomber le soufflé donc.
Evidemment, il y a des morceaux où tout est en place, impeccablement exécuté, mais où l’émotion supérieure ne vient pas nécessairement (The Battle In Heaven). Ce n’est pas grave en soi, on passe quand même un bon moment. Parfois, on se met à songer à de la musique de film et on se dit que le propos ne serait vraiment pas sobre (Follow The Map). Ca me touche moins du coup. Chacun fixera sa propre limite.
Ceci est plus « symphonique », il faut le savoir. Ce sont les grands transports de l’âme qui sont convoqués ici, une certaine idée du romantisme. Ambitieux ? Certes. Kitsch ? Aussi, un peu. Grandiloquent ? Certainement, Hymn To The Immortal Wind est tout cela. Mais il faut que je sois franc. J’ai pris du plaisir à cette écoute et j’aime penser que c’est le critère d’appréciation primordial.
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