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Peter, Björn and John - Living Things

mercredi 1er avril 2009, par marc

Mais reprenez donc un demi-morceau


Comme beaucoup, le trio suédois au nom explicite mais compliqué à retenir, c’est surtout le génial Young Folks, morceau qui nous a valu une poignée de sourires en 2007. Mais comme je n’avais pas approfondi l’album, je profite de leur nouvelle sortie pour élargir la longue liste des groupes suédois ayant figuré dans nos colonnes.

Et d’emblée, lors des premières écoutes, un doute étrange m’étreint. Ceci est-il la version définitive de l’album ou m’a-t-on refilé une mouture incomplète des mix ? Certes, les morceaux trop remplis de trop de choses ont trop l’honneur des radios qu’on n’écoute de toute façon pas, mais les morceaux apparaissent ici tellement décharnés qu’on les pense non finis. Ce n’est pas que le minimalisme nous rebute, que ce soit en electro, en folk ou rock, donc pas de raison que la pop fasse exception. Sauf qu’ici, on a une impression de manque qui ne nous étreint pas à l’écoute deStephan Bodzin ouJosé Gonzalez, pour prendre deux orfèvres de genres différents.

Et le pire c’est que tous les morceaux semblent touchés. Une guitare, une batterie et presque rien d’autre sur I’m Losing My Mind. Mais ça marche quand c’est vénéneux comme The Kills, et pas avec une mélodie et une voix comme celles-ci. C’est donc juste froid et rend l’empathie assez difficile. En général, ce procédé prend pour des ambiances volontairement plus langoureuses et/ou sombres, et un peu moins quand on mélange un groove robotique (Living Thing) avec une voix plus pop mais la bouture ne prend pas.

Pour rester dans les comparaisons du pays de Stieg Larsson, on pense à des démos solos de I’m From Barcelona (Nothing To Worry About) avant qu’il ne convoque sa bande de copains. Ou alors, qu’il leur a tous donné un effet sur la voix (Lay It Down). Le chœur multiple est donc plutôt un moyen de rattraper le coup

Il faut être honnête, certains morceaux s’en sortent bien, dans le genre de new-wave décharnée (Just The Past) dont usait Depeche Mode sur certains de leurs premiers albums. Il reste aussi d’excellentes mélodies (Blue Period Picasso), qui peuvent à elles seules faire tenir un morceau. Mais je pense toujours que j’aurais préféré ce qu’en aurait faitBodies Of Water. Et le procédé marche aussi quand le ton est répétitif et adapté (4 out of 5). Le résultat est cependant plus cohérent que réellement passionnant. De même, I Want You peut fonctionner, mais comme interlude, pas comme tête de gondole. Et la sensation d’écouter une suite de morceaux certes pas indignes (loin de là) mais qui sont plus en position d’attente qu’autre chose est prégnante.

Etrange objet que cet album. Alors qu’on attend une bonne giclée de morceaux pop sucrés, c’est une musique presque austère qui fait de son manque de moyens une source de plus de malaise que de plaisir. C’est que les procédés utilisés ne conviennent pas au style pratiqué. Le minimalisme touche plus au misérabilisme qui ne fonctionne pas souvent pour de la musique qui est pop avant tout. Le résultat ne m’a donc pas vraiment touché malgré la sensation qu’ils sont en train de se créer un univers assez personnel. Ceci est sans doute une phase chrysalide avant de trouver le rythme de croisière de leur genre. Je suis curieux d’entendre la suite en tous cas.

    Article Ecrit par marc

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1 Message

  • Peter, Björn and John - Living Things 1er avril 2009 16:37, par Claire

    J’suis pas très fan du minimalisme à la base, donc du coup pas très fan de cet album, mais CA PASSE. Pas très remuant mais interessant comme tu dis.

    Et puis Peter, Bjorn And John c’est aussi et surtout Let’s Call It Off !

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