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Art Brut - Art Brut vs Satan

jeudi 23 avril 2009, par Fred

Art vs n’importe quoi.


Il y en a qui ne chôment pas dites moi ! Car revoici déjà les anglais de Art Brut avec un 3eme album, deux ans après ’It’s a bit complicated’.

En deux ans, force est de constater que peu de choses ont changé :
Ces cabotins ont toujours le sens de la forme quand ils livrent des tranches de vraie vie : les matins difficiles (Alcoholic Unanimous), la pérennité des plaisirs enfantins d’un nerd (DC Comics and Choco millshakes), la passion de l’audiophile pour les vieilles pièces (The Replacements)... Des évocations proches de celles de leurs compatriotes, Kate Nash ou The Streets par exemple

La formule musicale est également la même : guitares énergiques, section rythmique, un chant déclamé dans un accent des plus british et des chœurs, ah les chœurs, nous y reviendront.
On peut dire que musicalement, ça ne révolutionnera pas grand chose. Et si ce n’est la voix, comme le signalait déjà Marc, ce post-punk ressemble furieusement à du Wire.

Le renouvellement n’est donc pas au programme. Dans ses meilleurs moments, c’est de la musique à crier une bière à la main et ce n’est pas un problème en soi. Par contre la faiblesse de certains morceaux l’est. Comme Summer Job, punk-pop mollassonne, gonflée de chœurs écœurants à souhait sur son refrain.
Et encore certains morceaux qui perdent tout le crédit de bons couplets dynamiques sur des refrains mal pensés (cris désharmonisés et chœurs guimauves sur l’outro sur What a rush ; et encore une surcouche de chœurs naïfs sur Demons out ).
Cependant, si je ne trouve pas que les chœurs proéminents soient à leur place dans du post-punk carré (cfr The Von Bondies), vous pensez peut-être le contraire ! Dans ce cas, vous trouverez ici votre compte.

Une seule fois, le groupe s’écarte de ses propres cannons, pour faire une expérience funky bien intéressante. Sur Mysterious Bruises qui clôture cet album, ils se rapprochent plus du groove des Clash et trouvent une piste prometteuse pour le futur.

Cet album laisse donc un avis plus que mitigé. Si effectivement quelques lignes musicales ou quelques bons mots marquent l’oreille, le reste manque de contraste et parait assez vain. De plus, certains sujets -leur point fort par le passé - ne couperont pas 3 pattes à un canard boiteux (les transports publics ?). Et puis surtout quand musicalement ils touchent à la pop, c’est simplement pathétique.

    Article Ecrit par Fred

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12 Messages

  • Art Brut - Art Brut vs Satan 23 avril 2009 09:12, par Paulo

    beh alors, tu dis pas que c’est produit par frank black ? c’est quoi ce travail ! ;)

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    • Art Brut - Art Brut vs Satan 23 avril 2009 09:35, par Fred

      Ah oui, au fait, c’est produit par Frank Black ;-)

      Oui, j’avais lu ça aussi. Le pauvre Frank, pas en forme ces derniers temps.

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      • Art Brut - Art Brut vs Satan 23 avril 2009 10:10, par mmarsupilami

        C’est marrant, cette chronique a le même fond qu’une autre, publiée ici il y a peu, sur The Rakes (album Klang) : du rabaché musical, troisième album, répétition des thèmes, fond et forme inchangés, quintessence british, etc.

        "C’est de la musique à crier une bière à la main" écrit le chroniqueur pour Art Brut.
        "Des morceaux qui donnent envie de sauter sur place et boire de la chope bien fraiche", dit celui des Rakes.

        Pour les Rakes, ça passe : "Les Rakes sont une bouffée d’air frais dans le marée des groupes anglais actuels".
        Pour Art Brut, ça casse : "Et puis surtout quand musicalement ils touchent à la pop, c’est simplement pathétique".

        Deux chroniqueurs différents, mais je partage : d’un côté l’alchimie est là, de l’autre, pas !

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  • Art Brut - Art Brut vs Satan 3 mai 2009 14:27, par Le seb qui connait le premier seb mais pas l’autre seb

    Sinon, il est vraiment très sympa cet album si on aime le rock à riffs qui fait sourire ;-)

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  • Billions of Comrades - Trotop

    Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
    Mais cet album produit (…)

  • Squid - Ô Monolith

    Le post-punk anglais avec morgue est un genre très particulier dans lequel les Londoniens de Squid s’étaient distingués. Il faut dire que ce substrat est utilisé dans tellement de contextes pour tellement de résultats, de Bloc Party à Black Country New Road en passant par Art Brut qu’on peut le décliner de bien des façons.
    Et Squid balaie à lui seul une belle partie du spectre, allant même (…)

  • Bärlin - State of Fear

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