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65 Days Of Static - Escape From New-York

lundi 20 avril 2009, par marc

Armement de précision


En général, un groupe de post-rock est à voir en concert pour l’émotion dégagée par la puissance du son, pas pour l’abattage. Dans le cas des trois de Sheffield, on peut dire que le spectacle est souvent au rendez-vous, et leur capacité à se transcender en live est assez phénoménale. J’ai le souvenir d’un public pas acquis à la base conquis à la persuasion lors d’un Pukkelpop.

Si 65 Days Of Static pratique les clichés post-rock avec une belle santé, ils ont aussi pas mal de composantes très personnelles. Les longues montées en sauce, les arpèges lacrymaux, très peu pour eux. C’est l‘énergie qui prime sur la langueur dans laquelle d’autres excellent. Dans leurs caractéristiques il y a l’inclusion de sons plus électroniques. Pour répondre à certaines questions, oui, il y a un peu de bandes préenregistrées mais c’est un vrai batteur (on me dit qu’il n’a que deux bras pourtant) poulpesque qui pimente le tout. De plus, s’astreindre à suivre des bandes les condamne à la précision absolue.

Plusieurs titres proviennent logiquement de leur dernier album studio The Destruction Of Small Ideas mais es meilleurs morceaux restent tout de même sortis de leur toujours chaudement recommandé One Time For All Time. C’est en effet là-dessus que se trouvent les déboulés de batterie absolument terrifiants d’Await Rescue. Et puis il y a Radio Protector. Si vous en avez l’occasion, allez tester en vrai sa puissance nucléaire. C’est primaire, basé sur un clavier simple mais imparable, joue sur des ficelles d’accélération grosses comme ça mais qu’est-ce que ça déménage, et comme on aime de temps à autres ce type de barre énergétique sans fioriture ni matière grasse. Mais il faut aussi admettre que l’inspiration ne s’élève pas toujours à ce niveau.

Comme sur beaucoup de live, ce qui peut s’avérer utile dans l’installation d’un concert devient un peu incongru une fois gravé sur cd. Par exemple, les sons qui tachent de No Use Crying Over semblent un peu superflus. Il y aussi des moments de répit, pour faire de bien mérités étirements musculaires (le début de Fix The Sky A Little) mais même ceux-là comportent une tension. Ils ne déposent jamais vraiment les armes.

Un album live est souvent un peu inutile dans une discographie. C’est aussi un peu le cas ici où les versions proposées montrent leur maitrise absolue et donnent un grain plus ‘réel’ par rapport aux albums avec moins d’aspérités. Mais dans le cas qui nous occupe, la scène est le terrain de prédilection du groupe. Ceci est donc une occasion que je saisis pour vous conseiller d’aller les voir en salle, en festival ou partout où ils pourraient se produire près de chez vous.

http://www.myspace.com/sixtyfivedaysofstatic

    Article Ecrit par marc

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8 Messages

  • 65 Days Of Static - Escape From New-York 20 avril 2009 18:46, par Mmarsupilami

    Ils viennent le 7 mai au Depot à Leuven.

    Mais c’est complet depuis un certain temps déjà.

    Je peux faire rapport...

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  • 65 Days Of Static - Escape From New-York 20 avril 2009 20:21, par Mathusalem

    Ils seront présents à Dour, aussi.

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    • 65 Days Of Static - Escape From New-York 21 avril 2009 12:44, par Marc

      Je ne serai pas à Leuven le 7 mai (entre deux concerts des Nuits Bota) mais un rapport m’intéresse évidemment.

      A propos de Dour, ils avaient affirmé à l’époque que leur prestation de 2007 était la meilleure de leur carrière. Ce qui veut tout dire...

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  • 65 Days Of Static - Escape From New-York 8 mai 2009 14:39, par mmarsupilami

    Het Depot - 7 mai

    Absolument sidérant !!!

    A la lecture de la chronique ci-dessus -que je ne comprends complètement que maintenant, après les avoir vus moi aussi-, je ne m’attendais pas à un tel déluge, une telle avalanche, une telle débauche d’énergie et un tel mur du son.

    Il faut voir les quatre écossais entrer en transe simultanément. Le bassiste et ses poses à la speed-hardcore, les deux guitaristes toujours proches du téléscopage et le batteur qui mériterait de faire la doublure du fou dans le Muppet Show. Quelle précision dans la fureur ! Quel abattage ! Un seul autre peut en faire autant, c’est le drummer de Cult of Luna (tiens un autre groupe où la batterie n’est pas seulement un outil rythmique mais aussi un vrai instrument).

    Speed-hardcore, Cult of Luna, j’ajouterais bien une couche solide d’électro-indus, des transes pas trop éloignées de la techno furieuse, des nappes de post-rock qui renvoient à leurs albums. C’est criant sur scène : leur originalité est débordante et se nourrit d’un patchwork détonnant.

    Si les références (notamment citées à très juste titre dans la chronique sur ce site de leur dernier album) sont Mogwai et Explosions in The Sky, il y a sur scène une différence essentielle avec Mogwai (je n’ai jamais vu Explosion). Chez l’un, toute la violence est dans le crescendo, celui-ci aboutit rarement à l’explosion (ce qui ne m’empêche pas d’ailleurs de penser que Mogwai soit un des groupes les plus violents qui puisse exister tant la tension créée est grande).

    65days, eux, explosent et se complaisent dans l’explosion, la développent et la tordent dans tous les sens. Le déluge est soutenu par l’électronique et les samples enregistrés, les musiciens entrant alors dans un véritable délire. Het Depot en vibre encore, je crois ! Ils ont littéralement achevé le public, le laissant exsangue. Malgré une fin toute en larsens, le rappel longtemps sollicité a fini de le mettre au sol.

    Sont-ils en train d’évoluer ? Comment se présentera leur nouvel album, dont ils ont nécessairement joué quelques morceaux parmi les inédits du jour ? Difficile de répondre alors que je les voyais pour la première fois. Mais une certitude : cette prestation "live" s’éloigne du berceau post-rock. Plus ou moins qu’avant, je ne sais...

    Un petit mot au passage pour souligner que, pour un groupe qui peut paraître aussi complexe, être sold out plus d’un mois à l’avance, avec un assistance somme toute jeune, est révélateur : ils ont su se faire un public.

    Tiens, question qui vaut ce qu’elle vaut : y a-t-il un hasard à ce que Mogwai, Aereogramme (d’autres as du déluge scénique) et 65days ofstatic soient tous écossais ?

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    • 65 Days Of Static - Escape From New-York 8 mai 2009 19:02, par Marc

      Il est des noootres,

      Eh oui, si les albums de 65DoS peinennt à passionner sur toute la longeur, les concerts, c’est vraiment toujours ébouriffant...

      Ton compte-rendu (merci d’ailleurs) semble prouver qu’ils arrivent encore à se hausser d’un cran à chaque fois. Comme Battles par exemple, c’est un groupe fondamentalement viscéral, gorgé de testostérone, qui ne demande qu’à éclater sur scène.

      Les références au post-rock sont assez floues en général, le ton est assez différent, le résultat aussi.

      Je ne connais pas assez l’Ecosse pour avoir une réponse définitive mais je trouve la question pertinente...

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  • 65 Days Of Static - Escape From New-York 3 septembre 2009 13:41, par pem

    65 dos seront en concert le vendredi 25 septembre a Mouscron

    www.24hmouscron.be rubrique actualités

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    • 65 Days Of Static - Escape From New-York 21 avril 2010 12:56, par Mmarsupilami

      Quand je viens relire ce que j’écrivais il y a un an et notamment que "65days explosent et se complaisent dans l’explosion, la développent et la tordent dans tous les sens" , que j’écoute leur nouvel album et que je vois le titre choisi " We were exploding anyway" , je me retourne vers moi même et me dis : "Pas con, le mec !"...

      Je vous prie platement de bien vouloir excuser cet exceptionnel moment d’égarement autosatisfactif. Je ne le ferai plus...
       :-D

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