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Fanfarlo - Reservoir

mardi 4 août 2009, par marc

Feelgood music


Les albums autoproduits ont toujours forcé mon admiration. Surtout s’ils ne sentent pas vraiment la dèche. Ce premier album de Fanfarlo est déjà disponible depuis de longs mois mais sa sortie officielle ne se fera que fin septembre. Comme je me vois mal attendre pour communiquer mon enthousiasme, je vous livre mes impressions dès maintenant.

On va tout de suite évoquer ce qui ne manquera de toute façon pas de l’être. Evidemment, il ne serait pas surprenant que le nom d’Arcade Fire s’impose à vous lors de l’écoute. Mais pas de panique, cette encombrante étiquette ne vient finalement pas tellement influencer l’avis définitif. Le groupe canadien évolue en effet dans un registre bien plus sombre, avec grandiloquence, références religieuses et viscéralité exacerbée. Donc ne cherchez pas ici le successeur de Neon Bible, mais simplement un album simple et qui génère un plaisir d’écoute indéniable.

Il y a des moments ou la comparaison pourrait sembler plus frontale cependant. On la décèle au détour de la grosse basse qui sous-tend Drowning Men dont la filiation avec un Rebellion/Lies n’est démentie que par des handclaps. Et d’une manière générale tout est plus primesautier (le clavier de Ghosts ou Fire Escape). Finalement, on peut dire que la comparaison n’est pas trop pénalisante puisqu’elle permet d’isoler les spécificités et la personnalité de Fanfarlo, notamment un aspect moins plombant (moins profond, aussi) qui pourra plaire même à ceux que le couple Butler-Chassagne ne séduit pas outre mesure.

Le type de mélancolie est peut-être plus proche de la sensibilité de certains Echo And The Bunnymen (circa Ocean Rain par exemple), le son eighties mis à part. Evidemment, une musique pareille ne se conçoit pas sans montées orchestrées. Rassurez-vous, elles sont bien présentes comme sur The Walls Are Coming Down. Sans avoir l’air d’y toucher Luna prend ses aises, et sa petite mélodie repart de fort belle façon pour constituer l’air de rien un des sommets de l’album.

On sent une volonté hymnesque assez touchante sur Harold T. Wilkins or How To Wait A Very Long Time, une façon collective d’activer la joie triste sur Comets et bien d’autres. Et même s’il s’agit sans doute de l’œuvre d’un seul esprit créatif, la sensation de bande est prégnante, parfois pas loin de l’entrain de certains I’m From Barcelona (Fire Escape). Les fans de Belle And Sebastian pourront aussi avantageusement puiser à ce Reservoir.

Sans tomber dans le côté excessif, la voix et sa façon de trousser les mélodies m’ont évoqué Alex Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah), donc aussi un peu celle de David Byrne (Talking Heads). Pour terminer la salve de noms ronflants, on retrouve dans la même famille musicale des formations comme Devotchka ou même Beirut. On entend d’ailleurs une tendance à la valse pour The Walls Are Coming Down mais c’est moins simpliste que dans la bande de Zach Condon, sans toutefois atteindre les sommets du genre d’unSufjan Stevens.

Si ces noms vous sont familiers, cet album a bien des chances de vous plaire dès la première écoute. C’était mon cas et si vous ne vous êtes pas perdus dans ces références, il y a de toute façon de grandes chances que vous connaissiez déjà Fanfarlo. Dans le cas contraire, allez voir du côté de cette musique très référencée, qu’on pourra évidemment considérer comme dans l’encombrante ombre d’un géant indie mais qui tire son épingle du jeu par un aspect « feelgood music » marqué et une intensité jamais prise en défaut. Une musique de qualité qu’on peut écouter sans restriction, c’est un peu ce que vous cherchez aussi, non ? Je vous le conseille donc

    Article Ecrit par marc

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13 Messages

  • Fanfarlo - Reservoir 4 août 2009 15:41, par mmarsupilami

    Attirons l’attention sur le fait que, sur leur site, le download (bien entendu) légal est déjà possible et ne coûte que 5 dollars 99 (= 4,16 euros).
    Sans retourner le couteau dans la plaie, depuis le début juin et jusqu’au 5 juillet (c’est donc trop tard !), on pouvait le downoader sur leur site pour un seul dollar avec quatre tracks inédites, ce qui était une opération pour le moins originale, dont j’avais profité. J’avais fait une petite annonce sur mon blog...

    Excellent album, ceci dit ! Comme le dit la chronique de Marc...

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  • Fanfarlo - Reservoir 5 août 2009 14:25, par Paulo

    sur youtube, reprise de fanfarlo d’un tout bon morceau de mellon collie and the infinite sadness des smashing pumpkins (ils étaient tous bons en fait)

    http://www.youtube.com/watch?v=P6pa3q117Y4

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    • Fanfarlo - Reservoir 6 août 2009 08:17, par Laurent

      On pouvait par ailleurs aussi acheter l’album physique pour une somme assez raisonnable mais - et j’avais communiqué ma déception sur leur site - livré dans une bien pauvre pochette cartonnée format single (ou cd promo) qui fait qu’on ne le repère pas facilement dans la colonne cd, entre Espers et Fields (d’où les réécoutes moins nombreuses qu’elles n’auraient dû l’être). Quant à l’étiquette "Arcade Fire", elle finit par partir au lavage mais ça déteint.

      En fait Arcade Fire c’est comme Martine, quand on a commencé il nous faut la collec’ : "Arcade Fire à la mer" (Bodies of Water), "Arcade Fire à la campagne" (Noah & the Whale), "Arcade Fire à la ferme" (The Acorn), "Arcade Fire dans les bois" (Plants & Animals), "Arcade Fire au bal de promo" (Broken Records), "Arcade Fire chez le photographe (Eagle*Seagull), "Arcade Fire rend visite au Père Noël" (Hjaltalìn), "Arcade Fire dans l’espace" (The Most Serene Republic), et même "Arcade Fire à Paris" (Cali, si on veut). Il faudrait penser à sortir un Marabout Flash "Je chante comme Arcade Fire".

      Hier encore, j’écoutais le très chouette album de Slow Club, dont je vous invite à aller découvrir le morceau de clôture Our Most Brilliant Friends... à mon avis, ces gens collectionnent les Marabout Flash.

      Enfin bref, Fanfarlo c’est bien et le plaisir va croissant au fil des écoutes, donc tout le monde devrait en avoir un exemplaire chez soi, un peu comme le Marabout Flash n° 186, "Ma discothèque de variétés" (un must).

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      • Fanfarlo - Reservoir 6 août 2009 08:20, par Laurent

        PS : Ça n’a rien à voir, mais avez-vous entendu le nouveau morceau de Radiohead (Harry Patch, pas Present Tense) et si oui, euh... qu’en pensez-vous ?

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      • Fanfarlo - Reservoir 6 août 2009 09:33, par mmarsupilami

        Bien ri avec Arcade Fire !
        Tellement vrai !
        Mais, à décharge, pour Fanfarlo, la comparaison s’impose pour du vrai !

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      • Fanfarlo - Reservoir 11 août 2009 20:10, par marc

        La tirade des Arcade Fire est sans doute un classique en devenir qui m’a vraiment fait rire. Je pourrais juste en ajouter un petit à cette liste, "le local de répète d’Arcade Fire" pour Tap-Tap dont le Lanzafame n’a pas connu la diffusion qu’il aurait mérité. Essayez Little Match Big Fire de ma part...

        Et tant qu’on est dans le marabout flash, j’ai pensé aux tellement attachants Soy Un Caballo (avec des vrais morceaux de Will Oldham dedans). C’est ici.

        Bonjour chez tous !

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        • Fanfarlo - Reservoir 12 août 2009 07:11, par Laurent

          Je viens d’essayer Tap-Tap et le morceau précité, c’est vraiment intrigant, vu que je présume que le larsen est fait exprès. Le concept du local de répète est un bon résumé, en effet !

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          • Fanfarlo - Reservoir 12 août 2009 07:35, par Laurent

            Ah oui, avant que j’oublie... Un groupe qui n’a pas grand-chose à voir avec Arcade Fire, peut-être davantage avec Fanfarlo (et encore), pour lequel je n’ai en tout cas jamais caché mon adoration - les géniaux Port O’Brien pour ne pas les nommer - s’apprêtent à sortir leur nouvel album ("Threadbare") et proposent deux titres en téléchargement via Stereogum, ici et ici. Vu la qualité (du premier titre My Will Is Good en particulier), je pense qu’on peut augurer une future critique positive ainsi qu’un nouveau Marabout Flash "Je kiffe grave Port O’Brien".

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