vendredi 2 octobre 2009, par

Souffler sur les Breizh
Le coup du Miossec apaisé, c’est un peu comme « le meilleur album de Morrissey depuis Vauxhall and I », c’est un gimmick obligatoire à chaque sortie d’album. Comme Le Mozz, la liste des inconditionnels n’a plus varié depuis belle lurette. C’est comme ça, on a envie d’aimer un album de Miossec, sans trop oser espérer les émotions fortes qu’on a éprouvé autrefois. Les éprouve-t-on encore, du reste ? Peut-être que oui finalement quand on aborde la montée en puissance subtile de Seul Ce Que J’ai Perdu. Il y a du désenchantement, presque, mais on retrouve le meilleur du Breton.
Guillaume Jouant et sa bande avaient imprimé une marque forte à la musique, simple mais viscérale. Il a fallu plusieurs albums et beaucoup de tergiversations pour retrouver un style propre mais pas trop lisse. C’est sans doute maintenant que l’équilibre est de nouveau atteint avec le multi-instrumentisteYann Tiersen. Lequel a quand même un carnet d’adresses de rêve. Je ne citerai que les premiers qui me viennent en tête comme Dominique A, Suart Staples, Lisa Germano ou encore Neil Hannon. Alors, pourquoi dès lors ne pas aller chercher dans son environnement géographique immédiat ?
Et la bonne surprise, c’est qu’on n’y entend pas les tics de Yann Tiersen. Pas d’accordéon passéiste, pas de valse gentille en vue. Brillant mélodiste, rien n’a été fait ici pour sonner ‘joli’. Le résultat n’en est que plus convaincant. On sent sur certains morceaux plus que d’autres une patte particulière. Sur le piano reconnaissable de Les Chiens De Paille par exemple ou sur l’excellent A Montparnasse. On ne s’était pas habitués à vibrer de façon purement musicale pour Miossec. On éprouve ça pourtant sur Loin de la Foule. C’est un morceau à étages, subtil dans la construction du gâteau et qui tranche avec une production francophone lambda. Il n’y a que mes préférés du genre, Dominique A et Florent Marchet (qui, eux, sont musiciens) pour arriver à ça. Et il faut se rendre à l’évidence, ceci est sans doute le mieux arrangé des albums du Brestois. La collaboration avec Yann Tiersen est donc une toute bonne idée, et j’espère que dans le futur il s’alliera de nouveau avec des compositeurs de talent et de forte personnalité. Quelqu’un peut-il lui présenter David Sitek ou James Murphy ? Heu, peut-être ne faut-il pas aller si loin non plus.
On ne fait pas fi de ses vieux démons. Des choses qu’on aurait du faire et qu’on n’a pas faites. Des choses qu’on n’aurait pas dû faire mais qu’on a faites quand même et toutes leurs conséquences d’alcool, de mortification. De flamboyance aussi. Parce que c’est ça aussi Miossec, un parti-pris d’auto-flagellation qui en dernier ressort peut passer pour de la protection. On a droit aussi à une veine plus ‘sociale’ qui rappelle le ‘on était tellement de gauche ‘ (Les Chiens De Paille). Le questionnement est imparable et finalement plus humain que politique et surtout n’a pas le ton militant neuneu têtes-à-claques de son pote Cali quand il veut parler d’autre chose que d’amours perdues.
On dirait que les mélodies ne se sont pas faites pop par enchantement (Les Joggeurs du Dimanche). Ca plus un thème pas emballant, ça fait un morceau qu’on n’ajoutera pas à ses réussites. Il y a donc comme toujours des morceaux qui laissent perplexes. Mais le taux en est bien moins élevé que sur 1964 par exemple. Mais bon, quand on aborde son septième album, on sait que sur la longueur on aura immanquablement des surgissements et du plus routinier.
Nos Plus Belles Années montre une sobriété qui me séduit. Il ne faut pas plus qu’un violon et une batterie pour relever les paroles. Parce qu’évidemment Miossec est un parolier plus qu’un ‘grand’ chanteur, une de ces voix qui s’accommodent de tout. Il faut aussi en toute objectivité reconnaitre que parfois les mélodies et l’adéquation avec la taille des phrases sont bancales. J’avoue aussi qu’avec le temps mon indulgence en la matière a tendance à diminuer.
Un Miossec bien serré, c’est comme un steak saignant, un café noir ou un whisky sec, c’est sans artifice qu’on le goûte le mieux, même si la comparaison culinaro-éthylique n’est pas la plus judicieuse je sais, les goûts ne se discutant que peu. Miossec n’intéresse sans doute que les fans de Miossec qui ont appris à vivre avec ses humeurs, son humour, et ses chansons touchantes. C’est sans doute à eux (dont je pense me compter) que s’adressent les auto-citations et autres références circulaires. Par exemple, Fermer la Maison renvoie à La Maison. Cette dernière (sur A Prendre) était une exception par son ton positif et sans doute ne pouvait-elle pas rester en l’état, même douze ans (ouille) après. On y retrouve aussi le ‘Comment ça commence comment ça finit’ du formidable En Haut Du Mat qui vaut aussi par la suite de la phrase (comment ça se fait qu’on était ensemble/pourquoi moi et pas tes anciens amis/Il y en avait aussi des biens dans l’ensemble).
On est toujours reconnaissants quand les artistes qu’on a pris l’habitude d’aimer produisent des albums qui ne nous forcent pas à changer d’avis. A l’aune de la discographie du Brestois, ceci est un bon album, où la fraicheur et la nouveauté ne sont pas trop de mise mais auquel la collaboration de premier plan de Yann Tiersen donne un coup de neuf dans les arrangements. On peut donc écouter Miossec la tête haute et c’est finalement ça le cadeau de ces Finistériens.
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