dimanche 20 décembre 2009, par
L’abondance de biens enchante
Manquer l’album de l’année, rater la révélation dans le flot des conseils ? Je n’ai plus cette angoisse cette année. Advienne que pourra. Le temps n’est pas élastique et personne n’a pu trôner de façon indiscutable. Je me suis quand même laissé influencer par un commentaire répété de Laurent qui a rarement failli à sa tâche de défricheur. Etrange d’ailleurs qu’au vu des forces en présence il n’ait pas été fait plus de bruit autour de cet album.
En général, ce genre de projet ressemble souvent à une compile et est traditionnellement une plaie à résumer, tant il faut citer de forces en présence et juger du caractère hétéroclite du résultat. Un Variety Lab par exemple a pâti de la qualité moindre du projet et de collaborateurs moins à leur aise. C’est encore le cas ici mais je vais prendre mon mal en patience tant il y a des raisons de s’enthousiasmer au final.
Mais prenons les choses depuis le début. Jack The Ripper était un groupe français dont le chanteur est absent ici. C’est donc logiquement vers l’extérieur qu’ils se sont tournés pour trouver des organes vocaux susceptibles d’apporter une vraie personnalité pour un projet pas vraiment connoté localement. On pense d’ailleurs assez vite à la fructueuse collaboration entre Thee Silver Mt Zion et Vic Chesnutt puisqu’ici ce sont les enluminures de violon qui donnent le liant entre les morceaux. On a donc une formation protéiforme, pouvant rivaliser avec un Calexico dans le role de backing-band impeccable et pas envahissant. On retrouve d’ailleurs leur chanteur le temps d’un As You Slip Away presque obligatoirement bon.
Dans le détail, le morceau de Moriarty se place comme un de leurs bonnes livraisons, leur folk enlevé étant extrêmement compatible avec l’exercice. On se dit qu’on verrait d’un bon œil qu’ils donnent un successeur à leur album sorti il y deux ans et déjà bien usé en concert. Phoebe Killdeer est dans la même veine, en plus léger et plus dispensable cependant. Dominique A et Stuart Staples sont deux de mes chanteurs préférés et leurs interprétations sont sans surprise des faits marquants. La ligne de violon qui souligne Les Méfiants avec Stuart Staples fait partie de celles qui laissent des traces. Ils en ont mis une sur le très tendu et vraiment prenant L’instable qui voit Dominique se pousser dans des retranchements qu’il fréquente peu. Notons pour l’anecdote qu’ils étaient tous les deux présents sur l’album Les Retrouvailles d’un Yann Tiersen au carnet d’adresses bien fourni aussi.
Il faut un peu plus de temps pour que toutes les chansons (oui, toutes…) percolent et distillent leur charme, parce que ce charme est différent à chaque fois. De la pop lumineuse d’Animosity au rock de bastringue de Lips of Oblivion (avec Blaine Reininger de Tuxedomoon) en passant par les chœurs à la Sparks d’I, Ignorist. Pas du chef d’œuvre à chaque coup peut-être, mais rien qui ne sera zappé, fait assez remarquable pour être signalé. Et puis si je n’ai pas tout de suite cédé au charme de la voix de 21 Love Hotel qui interprète Drawing Down The Water, la fin qui évoque Godspeed You ! Black Emperor, pendage de mâchoire compris, m’a rapidement fait changer d’avis.
Les français qui chantent en anglais ont des accents de français qui chantent en anglais. C’est implacable de logique mais c’est ma petite réticence sur le morceau de Syd Matters (c’est quand même fort bon). El Hijo Migala est dans le même cas notez bien pour son morceau qui m’a évoqué Black Heart Procession. Il y a pire comme évocation, vous en conviendrez. A tel point qu’il faudra sans doute creuser cette discographie-là.
Comme je l’ai déjà dit, l’exercice du featuring à rallonge n’est pas de que je préfère, ni comme auditeur ni comme scribouillard. Mais comme la cohérence des ambiances est là, qu’aucun des intervenants ne vient tirer ce We Hear Voices vers le bas et que les hauts faits sont vraiment épatants, les amateurs de n’importe lequel des artistes présents auront tout intérêt à partager ce plaisir de découverte.
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