Accueil > Critiques > 2004

Vincent Delerm : Kessington Square

jeudi 10 août 2006, par marc


Vincent Delerm est énervant. La bonne affaire me direz-vous, vous qui organiseriez bien une rencontre enrichissante entre la star academy et le côté courbé et tranchant d’une pelle à neige. Bon, alors, on écoute le second album du gaillard avec quelques préjugés. Positifs puisque j’avais apprécié le premier album, la fraîcheur du propos. Négatifs, parce que le ton de la voix peut de révéler vite horripilant et la préciosité n’est pas notre fort. Alors, on le met sur la platine et là, on est finalement rassurés. Les arrangements n’ont pas viré à l’électro, loin s’en faut, mais ils ont pris une ampleur qui n’était pas encore là sur le premier opus éponyme. Les références sont à chercher dans la pop anglaise, celle de Divine Comedy, voire de Tindersticks pour les plus élogieux. Le titre et la plage titulaire ne laissent aucun doute su l’anglophilie du bonhomme.

Un des points qui rendaient l’écoute du premier album fastidieuse était que certains titres collaient de façon durable un bourdon des plus noirs. Ici, même les mélodies les plus intimes cachent des histoires positives. C’est ce qui rend Le baiser Modiano si fort, si émouvant. Cette chanson est à épingler pour l’imparable mélodie.

On peut se demander où s’arrêtera le cloisonnement des générations. Tout le monde peut écouter Vincent Delerm (ma maman l’écoute), mais on se demande si on va comme ça continuer à séparer les publics par tranche d’âge. Une pour Lorie, une pour Britney, une pour Kyo. Et les trentenaires (parfois) actifs ont Bénabar et Vincent Delerm. Car ici, les références générationnelles sont innombrables (Veruca Salt, Franck Black, Sergi Brugera, Joy Division, Cure, Duran Duran, 10000 Maniacs, la compagnie créole, Platini, Rain Man, Rosana Arquette, Jean-Pierre Mader, François Feldman...) et les souvenirs guident certains titres (Veruca Salt et Franck Black, Les filles de 1973 ont trente ans - NDLR : ça approche... - La natation synchronisée). Des trentenaires un rien cultivés (les très élitistes Une fille Deutsche Grammophon et Quatrième de couverture) et sans doute poseurs puisqu’il s’agit quand même du fils de l’écrivain Philippe Delerm. Enervant donc puisqu’il faut bien avouer que je me retrouve plus là-dedans que dans les thèmes de Diam’s.

Un album de souvenirs donc, qui a le mérite de confirmer la facilité d’écriture du garçon. On regrettera juste l’absence d’une chanson plus enlevée. Avez-vous compris le plaisir d’écoute ? Ca va, je me suis fait comprendre alors... (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Muet – En Altitude (EP)

    Après un EP prometteuret un album remarqué, Muet prend l’air. Comme Kwoonou Andrew Bird, ils ont choisi de sortir du studio pour enregistrer un nouvel EP. Pas de révolution en vue pour Colin Vincent (Volin) et Maxime Rouayroux, le spectre de Thom Yorke plane toujours sur cette formation. Il y a des comparaisons plus infâmantes convenons-en. Le chant particulier et les sons travaillés (…)

  • Clara Luciani – Mon Sang

    Clara Luciani fait de la variété. C’est une simple assertion qu’il est nécessaire de rappeler. Parce qu’on parle d’un des cadors du genre, voire de la reine incontestée en francophonie. C’est le prisme au travers duquel il conviendra d’apprécier son troisième album. Si son passé en tant que membre de La Femme ou son premier album solo la destinaient à une chanson française plus indé, elle a (…)

  • Minuit Soleil – La Promesse

    Si on ne craignait pas autant les poncifs, on parlerait de ‘belle proposition de chanson française’ pour le sextette emmené par Roxane Terramorsi et Nicolas Gardel. Et on serait un peu convenus, certes, mais aussi dans le vrai. Parce que ce qu’on entend sur ce premier album, on ne l’a entendu comme ça chez personne d’autre.
    Ou alors pas en francophonie (il y a des morceaux en anglais ici (…)

  • Dominique A – Quelques Lumières

    On connait pourtant bien la discographie de Dominique A. On l’a vu en concert en salle, en plein air, en festival, tout seul, en trio, en quatuor, avec une section d’instruments à vent, délicat ou très bruyant, acoustique ou post-rock. On sait qu’il peut tout tenter et tout, Donc une relecture avec orchestre ou plus intimiste, pourquoi pas ?
    La réponse cingle après quelques secondes, avec la (…)