jeudi 28 janvier 2010, par
En tombant de la montagne
Rarement le qualificatif de valeur sûre est plus justement appliqué qu’aux Tindersticks. L’annonce d’un nouvel album ne provoque pas l’émoi, mais l’attente d’une nouvelle dose de morceaux mélancoliques qui s’ajouteront à la liste de ceux qu’on a aimé chez eux. On s’est même fait à l’idée qu’ils ne surpasseront jamais leurs trois premiers albums. On n’attend pas de revirement brusque de leur part, qu’ils évoluent vers une disco salace ou que Stuart Staples prenne des allures de castrat. Ils ont déjà connu de relatifs changements de cap, mais sans se départir d’une certaine classe. Après les arrache-cœurs trois premiers albums par exemple, on a pu penser qu’ils s’affadissaient. Une écoute attentive de Can Our Love permet de voir à quel point on a pu avoir tort tant la distinction en exsude par tous les pores.
Pourtant, j’avoue avoir été un peu déçu par cet album. Oh, pas la crise qui force à réévaluer, non, juste l’impression que j’aurais pu me passer de ce Falling Down The Mountain. Quand je glane des critiques à gauche et à droite (ici par exemple), je peux voir que cet avis n’est pas unanime, loin s’en faut.
Keep You Beautiful est un morceau répétitif comme on a pu en entendre sur les albums solo de Stuart Staples. Je veux bien que ce soit un pur morceau d’ambiance, mais il manque quand même un peu d’enjeu, tout comme les agréables instrumentaux Hubbard Hills et Piano Music. Il manque sans doute un morceau comme Boobar sur le précédent The Hungry Saw ou tout morceau débordant d’émotion d’une manière générale. On épinglera quand même un bon She Rode Me Down un peu ‘Tindersticks au Far-West’ ainsi qu’un Factory Girls qui m’a séduit par la sobriété de son piano triste. Dans un contexte plus relevé il apparaitrait comme un morceau de transition alors qu’ici on l’accueille avec bienveillance.
Black Smoke est le morceau qui a priori devrait le plus décoller, mais il m’a laissé sur le côté. De même, Stuart Staples retient moins sa voix sur Harmony Around My Table mais les chœurs sont trop gentils pour l’exercice. Le moins bon pour moi étant les paroles un peu mièvres du dialogue de Peanuts. Il reste le spleen, la voix unique, mais qui ne convient pas à cette fantaisie et le décalage est pour moi loupé, voire irritant.
Dans leur longue discographie, celui-ci passera pour un coup pour rien ou comme une amorce de déclin selon la suite qui sera donnée à ce Falling Down A Mountain. Le fait est qu’au regard de ce qu’ils ont fait ou que d’autres proposent dans le registre de la pop soignée un peu crépusculaire, ceci est nettement un ton en dessous. Evidemment, le mauvais goût est une fois pour toutes banni chez eux mais je suis quand même un peu resté sur ma faim.
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
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