dimanche 7 mars 2010, par
Minorité silencieuse
La chanson française, ou du moins la musique qui choisit courageusement cette langue pour s’exprimer, est assez vaste si on tient compte de toutes ses catégories, mais il n’est pas rare de laisser passer une année sans avoir découvert d’artiste qui va nous accompagner. C’est pourquoi un bon morceau suffit souvent à donner envie d’en savoir plus. France Culture, avec son énumération faussement dépassionnée des zones grises d’une éducation traine visiblement depuis des mois sur la toile mais je n’ai eu l’occasion de l’entendre que plus récemment. Donc rattrapage de cet album.
Quand on évoque la majorité silencieuse, c’est souvent (mais pas toujours) sous forme de populisme, style celui-qui-dit-tout-haut-ce-que-tout-le-monde-pense-tout-bas. Quand on parle de minorité, c’est souvent pour stigmatiser (mais pas toujours) une injustice, une oppression. Pourtant, on a l’impression que cet Arnaud sort d’une frange de la population qui s’exprime moins artistiquement. Ce type est un ingénieur, un peu comme vous et moi, est fan des Smiths, un peu comme vous et moi. Un gars normal donc, avec sans doute des gouts coupables pour un certain pan de la pop-musique à la Française. C’est qu’il y a quelques fantômes étranges qui traversent cet album. Le spectre de Polnareff par exemple, ou celui de William Sheller. Quand il chante, la voix de tête ne m’émerveille pas (je suis super fort en euphémismes) et ça a souvent constitué un frein à mon enthousiasme, comme le coté comédie musicale par Michel Legrand qui me fait passer mon tour.
Je suis très client de l’écriture et de l’interprétation faussement naturalistes de Florent Marchet et Arnaud Cathrine. Mais la musique de Marchet est plus directement inspirée du monde anglo-saxon, et me plait plus. On s’éloigne donc de la splendeur plus noire d’un Biolay, avec qui il partage certaines références à Jean-Claude Vannier, l’arrangeur des cordes de Gainsbourg.
Qui dit chanson en français dit souvent primauté des textes, souvent bien balancés. La comparaison est facile avec Vincent Delerm qui va au théâtre à Avignon pour le Monologue Shakespearien alors qu’ici il va au cinéma (Je vais au cinéma a un peu le même ton et le même thème), avec une vraie énumération des rues version Mappy. On regardera plutôt de Katerine pour Ne Sois Pas Trop Exigeant qui fait montre d’un désespoir d’un humour féroce, c’est selon.
Souvent, quand je dis que je suis resté perplexe, c’est une façon de dire que je n’ai pas aimé. Ici c’est juste de la perplexité, ou alors cet étrange mélange d’admiration et de ridicule. Donc, si vous me demandez (et c’est pourquoi ces articles existent) : Et alors t’en penses quoi ? Eh bien je serais embêté. Parce qu’il y a bien des choses qui me plaisent comme l’entrain du gainsbourien Mémé 69 (on a les guerres qu’on peut) ou l’intimité touchante de Si On Ne Se Dit Pas Tout et d’autres choses qui me font lever les yeux a ciel. Alors que je m’attendais à avoir un avis tranché sur cet album, c’est un avis partagé qui domine. Il y a de toute façon une personnalité singulière dans ce grand hochepot de chanson française. Comme souvent mais cette fois plus encore, ça sera à vous de trancher.
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)
Même si un peu de documentation est souvent fournie, c’est souvent au moment de boucler un article qu’on vérifie des faits, qu’on collecte des informations. Bref, alors que je m’apprêtais à dire que la voix du chanteur de iAROSS me faisait furieusement penser à celle de Colin Vincent entendu chez Volin et Muet, il se fait que c’est lui aussi qu’il a été guitariste de cette formation. Mais (…)
Rien n’est plus plaisant que de constater l’évolution des artistes. On avait déjà rencontré l’univers particulier de Sophie Djebel Rose, apprivoisé son ton particulier, on apprécie d’autant plus la façon dont elle élargit elle-même son univers. Moins folk, plus franchement gothique, ce second album la rapproche d’artistes comme Anna von Hausswolff dont elle ne partage pourtant pas la rage (…)
Un talent ne vaut rien s’il n’est pas utilisé. C’est peut-être ce qui pousse Garz à composer et écrire pour des spectacles, pièces de théâtre et autres documentaires. Ce sont ces morceaux, soigneusement triés qui constituent ce Sur Commande. Le résultat donne l’impression d’écouter un album varié plus qu’une compilation hétéroclite. Un excellent point, déjà.
Plus qu’un chanteur, Matthieu (…)