vendredi 19 mars 2010, par
Il se passe toujours quelque chose
Si vous voulez exaspérer une attente, reportez votre concert de 5 mois, ça peut faire l’affaire. Après unemémorable prestation au Botanique et une un peu modérée par la canicule limbourgeoise, la jeune Anja Plaschg a du en effet différer sa prestation du mois d’octobre.
Dans une Ancienne Belgique en configuration "flex semi-assis" (sic), c’est à dire avec des gradins descendant jusqu’à la mi-salle à peu près entre le pianiste Nils Frahm. Un peu timide, il commence à pianoter froidement de la main droite, et ce gimmick durera tout le morceau, la main gauche se chargeant du contenu mélodique. Cette sécheresse fait un peu peur, mais la suite nous rassurera. Evidemment, une certaine dose d’abandon est nécessaire, mais seul au piano, l’instrumentiste intrigue, fascine et séduit vraiment. La salle est inhabituellement silencieuse pour une première partie (supprimons ces glutes qui prennent des photos au flash pendant les concerts) et on se dit qu’après Fink, les ouvertures de Soap & Skin sont vraiment judicieuses.
On savait depuis l’annonce du concert qu’elle serait accompagné d’une section de cordes. Bonne idée comme on va le voir. Commencer par un morceau comme Cynthia est à double tranchant, c’est prenant, son feulement est proprement terrifiant, et m’électrise de la tête aux pieds. Les arrangements qui accompagnent les morceaux (presque tous tirés de l’excellent album) sont sobres, mais font plus office d’embellissement de morceaux qui gardent leur structure (la trompette créait des secondes mélodies pas toujours réussies). Sans doute que par la suite il faudra travailler plus en profondeur, et incorporer plus en amont ces instruments. Parce que ses habituels passages électroniques enregistrés ne sont pas tous convaincants, et lui imposent une précision qui sera parfois prise en défaut. N’oublions pas son jeune âge et qu’après une réussite comme Lovetunes For Vacuum, tous les espoirs sont permis.
Voir Soap & Skin en concert, c’est aussi observer une chanteuse borderline, visiblement toujours à la limite de sa rupture. Si on ne peut nier qu’elle est véritablement habitée, on pense que c’est parfois un peu forcé. Mais musicalement, les mélodies sombres et son univers enrobent le tout d’une aura ténébreuse du plus bel effet. Elle reviendra pour interpréter un morceau a capella qui forcément impressionnera. D’après des commentaires sur le site de l’AB, il s’agirait de Zog Nit Keynmol, hymne des survivants des camps. Même sans savoir ça on sent qu’il se passe quelque chose. Il se passe toujours quelque chose avec Anja.
Les photos datent de sa prestation au Botanique
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