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Indochine : 3.6.3

jeudi 10 août 2006, par marc


Mais qu’est-ce qui pourrait nous faire écouter Indochine ? En revoyant une rediffusion de 1992 d’une interview des Enfants du rock de 1985, on les avait vus abrutis, contents de leurs succès inespéré mais lucides quant à la suite. Les accoutrements quelque part entre les Forbans et le mimétisme Cure continuaient à les enfoncer, comme l’ineptie totale de leurs paroles (on classera l’Aventurier dans le livre noir de la chanson française entre ’Si la mort nous programme sur son grand ordinateur’ de Lalanne et ’La bombe humaine’ de Téléphone). C’était il y a 20 ans bientôt. Il y a une trace live de cette époque au Zénith et c’est plus rigolo que vraiment convaincant.

Alors, quoi, on est en 2004, non ? Oui, mais le retour incroyable est passé par là. Celui du dernier Paradize tout spécialement. Il y a une frange de leurs fans qui sont restés depuis le début, comme s’ils avaient senti sous l’apparente superficialité un potentiel touchant. D’autres plus jeunes se sont ajoutés pour former maintenant une base large et solide. C’est ce qu’on constate à l’écoute de ce live, capté en une seule nuit à Bercy. Les titres plus anciens sont bien évidemment de la partie, se taillant une bonne part du succès. Mais finalement, c’est un groupe désireux de faire du rock (des guitares et des mélodies parfois musclées, mais il faut bien avouer que c’est nettement moins mauvais que le rock pour ados Californiens, les Good Charlotte et consorts) à la française (quel groupe anglophone sérieux laisserait ainsi chanter son public ?).

Le temps a donc aidé ce groupe à devenir un incontournable en langue française. Attention, ce n’est pas pour ça que ça les transforme en Radiohead ou même en Noir Désir mais bon, je ne vois pas de raison valable de bouder son plaisir.

Si vous avez perdu de vue ce groupe depuis quinze ans, voilà le disque de rattrappage, livré à un public conquis d’avance à sa cause. (M.)

    Article Ecrit par marc

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