Accueil > Critiques > 2010

Pearly Gate Music - Pearly Gate Music

mardi 15 juin 2010, par marc

Les amis d’amis


Les amis des amis de nos amis sont nos amis. Cette transitivité ne se vérifie pas très souvent dans la vraie vie, donc il en est de même pour la musique. Pourtant ici, comme souvent, la connivence est assez facile. Le doux nom de Pearly Gate Music cache Zach Tillman, lequel est le frère de Josh Tillman, qui officie sous le nom de J. Tillman et que j’ai eu l’occasion d’apercevoir en première partie des Fleet Foxes dont il est le batteur. On est donc dans la famille des groupes de Seattle (celui qui pense grunge à cette évocation prend une carte jaune). La question qu’on se pose c’est « Le Northwest nous en cache encore beaucoup, des groupes comme ça ? ». Repère supplémentaire, c’est une signature de Bella Union, qui a déjà su nous séduire avec Andrew Bird, les Fleet Foxes, Midlake, John Grant, My Latest Novel, Vetiver ouDepartment Of Eagles.

Une voix un peu désolée, une petite nappe de clavier, une fausse rythmique, et on sait qu’on va pouvoir continuer la conversation. Cette voix n’est pas un de ces organes inoubliables mais dont l’humanité suinte suffisamment pour ne pas avoir à se parer de riches atours pour être intéressante. Golden Funeral repose donc presque exclusivement sur une voix et une petite nappe et quand on sait combien il est difficile de maintenir l’attention dans un contexte pareil, on apprécie d’autant plus cette dignité. On retrouve ce dépouillement sur I Was A River. Où, en utilisant le chausse-pied idoine, vous pourrez trouver une relation avec Fleet Foxes. De même le bridge mélodique de Navy Blues m’a évoqué Grizzly Bear faisant du folk à boire.

L’album éponyme (terme un peu incorrect je sais) n’est pourtant pas neurasthénique. Oh What A Time ! est ainsi plus enlevé, et Bad Nostalgia ne se traine pas non plus. Mais le plus remarquable (pris dans son acception littérale) est la brusque poussée de fièvre de Gossamer Hair qui décolle franchement

Ce n’est pas un ‘grand’ album, dans la mesure où certains albums sont remplis de leur ambition. Par exemple, Muse fait de ‘grands’ albums, même si leurs dernières livraisons me sont pénibles à écouter. C’est donc un album attachant, ce qui n’est souvent pas assez pour accrocher notre attention téflonée. Pourtant, ce Pearly Gate Music vraiment tombé de nulle part a su capter notre curiosité, et comme un des plaisirs de ce site est de dégotter de quoi vous faire plaisir, je vous encourage à découvrir et à faire passer.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Pearly Gate Music - Pearly Gate Music 15 juin 2010 14:31, par Laurent

    Oui, c’est un chouette petit disque, avec le grand frère qui fait plus que prêter main forte. J’aime moins que ce que fait le Josh en question ("Vacilando Territory Blues", premier de ses deux albums parus l’an passé, en particulier), mais il a gagné le droit d’intégrer les Fleet Foxes, à mon avis (Jonny Greenwood aussi s’est fait pistonner par son frangin, et son groupe ne l’a jamais regretté).

    repondre message

    • Pearly Gate Music - Pearly Gate Music 17 juin 2010 17:35, par Marc

      Tiens, j’ignorais ce détail sur la composition de Radiohead. Evidemment que je Johnny y a sa place. C’est quand même un fameux compositeur (par exemple de la BO de There Will Be Blood).

      repondre message

  • Ella Ronen – The Girl With No Skin

    Fuck Cute/I’m Tired of Cute/Cute has never served me
    Il ne faut pas se laisser tromper par la délicatesse d’Ella Ronen. Si on est séduit d’emblée par les plaisirs doux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marie Modiano (référence ancienne on en convient...), la jolie voix propose une écriture plus profonde, sans doute parce qu’elle repose sur un substrat qui a son content de drames.
    Une des (...)

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)