jeudi 9 juin 2011, par
Retour vers le futur
Méfiez-vous, les filles ! Björk a appelé et elle veut récupérer sa place. C’est qu’il y en a eu, depuis les dernières nouvelles du lutin islandais, pour occuper le poste vacant de diva conceptualiste : des vestales ferventes au tempérament de geyser, praticiennes fantasques d’une forme d’avant-garde pour le peuple, d’une pop volcanique aussi glacée en apparence qu’elle est brûlante au dedans. Le genre de musique qui parvient à être aussi limpide que le cristal tout en présentant la complexité kaléidoscopique du morceau de verre qui a volé en éclats, et que la jeune Glasser – forcément – avait mieux défendu que personne l’an dernier.
Or, avant le retour prochain de la reine Guðmundsdóttir, c’est à une panthère d’origine rwandaise que revient l’honneur d’assurer provisoirement la relève. Non pas pour emprunter la pente glissante de l’expérimentation forcenée où Björk a plongé plus d’une fois cette décennie, mais bien pour raviver le feu sacré de ses premiers pas en solitaire, l’âge béni des tubes en papier mâché et de l’électro roturière. Ce n’est pas flagrant partout, et merci bien, mais l’influence est criante dès la première écoute de Voodoo, où l’on entend dans chaque battement cardiaque, dans chaque hurlement vital, l’immense Hyperballad.
À ce jeu réducteur, on pourrait facilement faire de Barbara Panther une piètre caricature : Moonlight People serait son Venus As a Boy, Rise Up son Declare Independance, et ainsi de suite… si du moins, passé les quatre premiers morceaux – formidables – la suite de l’album ne proposait des choses plus aventureuses, comme un Wizzard perdu dans ces limbes étranges déjà visitées par CocoRosie, ou la transe flippante d’Empire, entre autres. Si, surtout, il n’y avait cette voix de sauvageonne du futur, marquée au fer par l’accent des minorités londoniennes – quand bien même Barbara vit à Berlin – et la colère de la rue, rappelant la diction de la très sous-estimée Speech Debelle – parfaite inconnue malgré son Mercury Prize, mais c’est une autre histoire.
« Tide is turning, the future’s returning », chante la Panther sur l’excellent Unchained, avant de refermer plus loin son disque sur un Ride to the Source qui la voit embrasser l’énergie pure à l’origine du désir qui lui consume le ventre. Retour vers le futur, donc, pour une artiste qui vénère, comme dans une religion primitive, cette modernité d’un autre âge. D’autres sont passées par là avant elle, ont vibré au son de la terre-mère tout en le cadençant au rythme des machines, comme dans un folklore aux instruments forgés dans le métal, ni tout à fait synthétique ni tout à fait tribal. Toutefois, en l’absence de la déesse du genre, reconnaissons que sa nouvelle prêtresse n’est pas dépourvue de pouvoirs magiques.
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