vendredi 25 novembre 2011, par
Amour-haine
Déjà trois albums pour le duo nantais qui s’est montré capable, depuis l’aube de son parcours, de façonner un univers très personnel, tout de chair et de sang noir. Dans leur monde cruel et râpeux, la corde est raide et coupante comme le rasoir ; on est quasi en permanence au bord d’un précipice chargé de ronces, tenté par l’automutilation, attiré par une douleur qui fascine autant qu’elle révulse. La douceur, elle, est une vague illusion, comme une nuit à même le sol sur une plage de galets. Ainsi de La Notte, fausse berceuse pour entamer un sommeil peuplé de cauchemars.
Violon et violoncelle toujours aussi menaçants, Julia Lanoë et Carla Pallone marient leurs déclamations mu-susurrées mi-éructées, évoquant l’enfer et son ardeur incandescente (Animal) ou se laissant aller un temps à l’élégie (Xoxo). La connexion avec Boy & the Echo Choir est évidente dans ces moments vaporeux chantés en anglais, mais c’est en français que leur langage cru esquisse une poésie insolite qui frappe l’inconscient (« Et le bronzage de tes fesses dessine un cœur vulgaire mais beau, comme notre amour »).
Plus inattendus, des titres commandés par une boîte à rythmes minimale cherchent à donner une couleur vaguement pop à des compositions du reste obscures. Dans le genre, le côté répétitif d’An Island in an Island s’avère assez fascinant mais peut aussi facilement rendre fou, quand Au Loin sauve la mise grâce à ses couplets et ses percussions à la The Dø. Des Coups, des Cœurs est pour sa part un single logique qui ne risque pas pour autant de faire danser sur les plages méditerranéennes cet hiver.
Disque définitivement nocturne, légèrement conceptuel – de par son chapitrage intrigant – et comme toujours hanté par la souffrance, l’exil et l’aliénation, “NYX” parvient à susciter cette forme d’amour-haine que Mansfield Tya chante avec tant de tension. Contrairement à ses prédécesseurs, peut-être parce que la formule devient connue et ce, malgré les tentatives du duo pour y faire souffler un vent piquant de nouveauté, ce troisième effort ne séduit pas à tous les coups mais exsude le talent par chacun de ses pores bouillonnants.
Rien n’est plus plaisant que de constater l’évolution des artistes. On avait déjà rencontré l’univers particulier de Sophie Djebel Rose, apprivoisé son ton particulier, on apprécie d’autant plus la façon dont elle élargit elle-même son univers. Moins folk, plus franchement gothique, ce second album la rapproche d’artistes comme Anna von Hausswolff dont elle ne partage pourtant pas la rage (…)
Un talent ne vaut rien s’il n’est pas utilisé. C’est peut-être ce qui pousse Garz à composer et écrire pour des spectacles, pièces de théâtre et autres documentaires. Ce sont ces morceaux, soigneusement triés qui constituent ce Sur Commande. Le résultat donne l’impression d’écouter un album varié plus qu’une compilation hétéroclite. Un excellent point, déjà.
Plus qu’un chanteur, Matthieu (…)
‘Faute avouée est à moitié pardonnée’. C’est sans doute cet adage que Pierre Lapointe a eu en tête au moment de nommer cet album. Parce que oui, c’est plus démodé que jamais.. Pas hors du temps, pas hors-mode, non, c’est empreint d’une nostalgie d’une ancienne façon de faire de la chanson française, comme si rien ne s’était passé depuis Charles Aznavour. ’Démodé’ est en l’espèce un euphémisme (…)
Après un EP prometteuret un album remarqué, Muet prend l’air. Comme Kwoonou Andrew Bird, ils ont choisi de sortir du studio pour enregistrer un nouvel EP. Pas de révolution en vue pour Colin Vincent (Volin) et Maxime Rouayroux, le spectre de Thom Yorke plane toujours sur cette formation. Il y a des comparaisons plus infâmantes convenons-en. Le chant particulier et les sons travaillés (…)