mardi 20 décembre 2011, par
Rattrapage hors-série
Bon ben on y est là : l’année 2011 touche vraiment à sa fin et ça va très prochainement être l’heure des bilans, presque une fin en soi quand on a envie de se nettoyer la tête et de ne retenir, en vue d’un plus lointain avenir, que ce qui aura été digne des plus vives attentions. Histoire d’activer la liquidation des stocks disponibles, je voulais toucher un mot rapide sur cinq albums dont je n’ai jamais trouvé l’occasion de parler et qui, par un curieux hasard, se retrouvent tous à la lettre « D » de mon balaDeur. Dans le genre prétexte tout pourri, vous avouerez qu’on a rarement fait mieux. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils sont tous chaudement recommandables... et là, tout le monde est content.
Étrange et insaisissable album que celui-ci. Ça commence comme une caresse dream-pop (Noise on the Line), c’est de la danoise et on y reconnaît facilement ses petits (Our Broken Garden, ce genre). Puis le mélodica cède sa place à une guitare lunaire, rien à signaler jusqu’à l’entrée des palpitations synth-pop (The Void). Autre ambiance mais on ne perd pas au change : Anders Trentemøller signe des arrangements de cordes soyeux, le parfum de mystère reste entier. Night Will Be Dawn évolue dans les brumes qui séparent Bat for Lashes de Taken by Trees, et quand la chanteuse se rend son propre hommage (Josephine), on tient un grand morceau sensuel et lugubre, truffé de tiroirs effrayants. La face B ne fait plus le poids après deux tels joyaux, mais peu importe : on a eu notre dose de magie.
On a mis du temps à y croire, mais David Lynch le musicien est peut-être bien aussi fascinant que David Lynch le cinéaste. En tout cas, faut-il le préciser, son univers sonore épouse à merveille son univers visuel : les trompe-l’œil sont ici des trompe-l’oreille, vertigineux dédales peuplés de peurs et de pulsions, autant de portes dérobées pour lesquelles l’artiste fournit, dans les notes de pochette, quelques clés de lecture alambiquées. Son jeu de guitare, aussi distordu que son chant vénéneux, fait penser à un Link Wray errant sur Mulholland Drive, quand Lynch ne se laisse pas entraîner par des synthétiseurs fiévreux (Good Day Today, Strange and Unproductive Thinking) ou que Karen O ne vient poser sa voix de psychopathe en rut (Pinky’s Dream). Un long cauchemar dont on n’a pas envie de se réveiller.
Partis de Johannesburg pour croiser la route de Brent Knopf (là, vous commencez déjà à être titillés), Cherilyn MacNeil et Darryl Torr se sont fait connaître avec un premier album qui avait tout pour plaire. Désormais seule aux commandes de Dear Reader, mais toujours produite par l’ex-Menomena, Cherilyn enchaîne onze titres aux noms d’animaux bien portés. Fox est rusé avec son refrain sinueux, Monkey est malin avec ses discrètes touches de piano et sa montée en puissance inattendue, tandis que Mole et Earthworm creusent de beaux tunnels vers la lumière. On pourrait continuer dans la métaphore en disant que Whale et Elephant sont plutôt lourdes, mais il n’en est rien : l’album baigne dans une légèreté cotonneuse, intemporelle, qui rappelle parfois Lonely Drifter Karen. Tendre et savoureux.
Une longue introduction électronique, l’écho d’une voix noyée, des claps sexy piqués (ou pas) chez Peaches... puis le chant débarque, mutin une fois de plus, très très évocateur des mélopées aiguës de Lykke Li. Pourtant, la jeune chanteuse allemande n’a en fin de compte que des rapports très polis avec ses machines. Passée la trompeuse plage titulaire, on entre dans un univers apaisé, rêveur et relativement organique. C’est le piano qui s’impose comme la pierre ogivale de ces compositions, parfois très pop (Tip Tapping, Hey Beau) mais, dans l’ensemble, plutôt en version glaciale (Thirteen Thirtyfive, From One to Six Hundred Kilometers). L’électronique refait son apparition en fin de parcours sur la techno envoûtante d’Abrupt Clarity, justifiant l’intérêt suscité par une débutante à l’avenir nébuleux.
On a fini par craquer pour ce disque qui ne date pas d’hier – et le son encore moins : crasseux mais vintage, façon rockabilly dans un hangar désaffecté. Intrigant, mais surtout obsédant. Bien cachées sous la graisse de moteur de la Harley, les mélodies sont bien là, jouées par une espèce de Gene Vincent possédé. Toutes reposent sur des boucles fascinantes, maladives, créées sur des guitares triturées jusqu’à l’os par un Taïwannais nostalgique de l’Amérique des blousons en cuir et des courses de décapotables (Speedway King, Sweet 17). Unhappy days, pour le coup. Magnifique en mode slow du bal (True Blue, Lord Knows Best), méchamment malsain sur des morceaux hantés comme Hotel et Black Nylon, “Badlands” a déjà trouvé, c’est certain, une place de choix dans la discothèque de David Lynch.
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