lundi 26 décembre 2011, par
I am a bird now
Charles Frail, c’est le véritable Hollandais volant. Un tout jeune garçon qui nous vient des Pays-Bas ou d’un pays vraiment très haut, quelque part entre les nuages. Une voix envoûtante qu’il est impossible de ne pas comparer à celles de Patrick Watson ou d’Antony Hegarty pour ses accents tragiques et son goût prononcé de la voltige. Un songwriter amstellodamois qui, sur ce premier volet annoncé d’une future trilogie, rejoint un club select généralement réservé aux aèdes islandais : celui des créatures humaines dont la musique est si pure qu’elle fait corps avec la nature.
Ici, c’est précisément tout le concept de ce disque à l’emballage artisanal : mis bout à bout, ses treize titres composent un texte à la poésie sauvage, que l’on pourrait tout aussi bien lire dans un sens que dans l’autre. On découvre alors le récit d’un homme qui, en quête de liberté, finit par trouver l’espoir au lever du jour mais, déroulée dans le sens contraire, l’histoire se présente comme un palindrome où l’homme, parti dans les bois pour trouver la paix au cœur d’une aube frémissante, semble s’être transformé en branche d’arbre qui n’attend que de pouvoir s’évader (I Was the Leaves That Whisper Take My Off This Tree).
Une chose est sûre, le matin est une bouffée d’air frais, la réponse aux questions troubles de la nuit (What Love May Conquer). Située en plein milieu du disque, la plage titulaire est un instrumental court mais épique qui cherche à apporter une gorgée de lumière à la chevauchée apaisée, quoiqu’incertaine, d’un héros perdu. Toutes ces autres chansons reposent sur une guitare sèche comme l’écorce, de discrètes touches de cordes ou de cuivres quelquefois, et des field recordings rassérénés dont l’artiste avait déjà fait un premier album expérimental.
Quand la batterie se présente sur No Nothing Wil Outlive This Glory, on a le sentiment de sortir enfin d’un long moment de dépression, comme si le mouvement des baguettes cadençait la marche de l’individu sorti d’une déréliction qui chevillait son corps à la terre obscure. Pas étonnant dès lors que l’album puisse se concevoir comme un large essor vers une vie meilleure (The Darkest Night Will Find Me Gone). En battant ainsi des ailes pour jouer avec la gravité – dans les deux sens du terme – Charles Frail nous exhorte à être oiseaux avec lui, à quitter nos nids douillets pour migrer vers un avenir chargé de promesses, un nouveau foyer immatériel. I’ll Find My Home in Break of Dawn.
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
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Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
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