jeudi 29 mars 2012, par
Folk générique
Vous connaissez évidemment ces phénomènes de paramnésie, ce sentiment de déjà-vu, cette sensation d’avoir vécu l’instant présent. C’est aussi l’impression que m’a procuré la première écoute de Lake Forest (plus champêtre que ça tu meurs). Non pas la lassitude d’avoir mille fois entendu le genre (ce qui m’étreint de plus en plus), mais l’étrange idée qu’on ne découvre pas vraiment ce groupe. En fait, il s’agit d’une escapade solo du chanteur du groupe Manitoba qui m’était d’ailleurs plutôt inconnu.
Alors, oui, on pensera inévitablement à Bon Iver, de façon assez troublante parfois (Whispers). On retrouvera dons les mêmes claviers en apesanteur sur Teepee, le piano plein d’écho de Silver Stars, et d’une manière générale la guitare. Mine de rien, Justin Vernon a redéfini le son d’une certaine musique folk, et force est de constater qu’on en croise plein d’émules pour le moment, comme il y a peu tout le monde voulait marcher dans les traces d’Animal Collective.
A l’instar des médicaments, on peut parler ici de version générique, c’est-à-dire pas moins efficace, mais qui arrive après quand le terrain a été défriché et que la formule a été patiemment polie. La surprise est donc éventée, mais il faut savoir ce qu’on veut et ce qu’on recherche. Et si c’est la délicatesse, vous pourrez être servis. Par Autumn Skies par exemple. Et puis, sans avoir l’air d’y toucher, il réussit un des plus jolis moments de l’année avec Birds Of Prey, où une mise en son subtile magnifie un arpège léger et une mélodie fondante. Il est toujours fascinant de voir avec quel naturel les nords-américains se débrouillent avec cette matière historique et organique, n’hésitant pas à la pousser dans des développements atmosphériques (Ohio, Set The Land On Fire)
Comme j’ai déjà quelques dizaines de groupes semblables, je peux laisser l’instinct choisir subjectivement ce qui me plait. Indéniablement, Lake Forest en fait partie. Il faut laisser le hasard décider de ceux qui croiseront votre route. Si les ambiances distillées par Justin Vernon vous plaisent, il y a fort à parier que celles de Lake Forest seront également à votre goût, surtout si vous préférez ce qui est bien fait à ce qui surprend. Je sais qu’il en est qui viennent chercher ici de quoi étancher leur curiosité, et cette critique leur est dédiée.
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)
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Il y a des albums qu’on détaille, dont on analyse chaque parcelle. Et puis il y a ceux qui se conçoivent dans leur globalité tant leur style est transparent. Ce huitième album de Stranded Horse appartient à ces derniers tant il est cohérent de la première à la dernière note de kora.
Si le style vous est familier, sachez que rien ne change vraiment ici, et c’est tant mieux tant cet univers (…)
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)