mardi 17 avril 2012, par
Fièvre
Le concept même de danger a été depuis longtemps éradiqué des concerts. Ou, du moins, des concerts auxquels j’assiste, toujours bon enfants et souvent contemplatifs.
Pourtant, il reste encore des groupes qu’on peine à cerner, qu’on admire sans qu’il soit vraiment possible d’expliquer pourquoi. En langage ’indie’ d’ailleurs ’j’aime ça et c’est tout’, ça se dit ’art rock’. La bande de James Stewart pourtant garde intacte sa ligne directrice furieusement indépendante, exigeante mais gratifiante pour tout qui peut s’immerger dans cet univers torturé, dominé par le timbre extrêmement affecté du chanteur.
C’est donc lui qui prend possession de cette tellement précieuse Rotonde, accompagné de trois musiciens. Un guitariste qui ne rechigne pas à sortir des sons de basse de sa six-cordes, un batteur d’une précision de frappe extrême, et une claviériste qui n’a visiblement besoin que de deux octaves pour s’exprimer. Ce petit monde entoure le chanteur-guitariste qui se révèle, comme prévu, comme espéré, complétement habité et très maitre de son sujet.
La discographie touffue (le dernier Always est le 8ème tout de même) de Xiu Xiu n’est pas tellement propice au mode ’best of’ et l’exécution live, pourtant précise et intense, ne permet pas toujours d’en dégager les perles. On note quand même In Lust You Can Hear The Axe Fall, Hi et autres This Too Will Pass Away. Pourtant, ce sont deux autres morceaux qui vont révéler toute la singularité du groupe. Tout d’abord, une reprise de New Order (de mémoire, Ceremony), est telle que le groupe de Manchester n’a pas pu faire lui-même, c’est à dire fougueuse, rapide, intense, viscérale. bien au-delà de la version originale.
J’ai cru identifier le seul rappel comme Johnny Teardrop de Suicide. Ce groupe tellement en avance sur son temps est en effet incontournable dans la fièvre, le malsain, la tension pas si rentrée que ça et la reprise est vraiment soufflante de tension. Xiu Xiu est un oasis d’intransigeance dans un monde de création tiède et de prise de risque modérée. Leur propension à créer le danger est en tout cas très peu égalée à notre époque.
Ca y est, les images sont ici
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