Accueil > Concerts

Soap&Skin, AB, 18/04/2012

jeudi 19 avril 2012, par Marc

Assuétude


Voir en 24h Xiu Xiu et Soap&Skin, ça peut sembler un grand écart a priori. Mais il faut prendre le plaisir d’écoute où et quand il se présente.

Je l’ai trop souvent répété, il faut voir les premières parties. Parce qu’on peut y faire des découvertes. Aussi parce qu’on peut anticiper des arnaques. On ne sait jamais, peut-être qu’un jour quelqu’un essaiera de vous dire du bien d’A Thousand Fuegos. Peut-être qu’il vous dira qu’on n’est pas encore lassé des nappes simplistes de synthés années ’80, que reprendre du Joy Division sans savoir chanter c’est une bonne idée, que rester debout derrière une machine qui joue toute seule c’est passionnant. Vous pourrez lui répondre qu’il est étonnant qu’on mette sur la scène de l’AB un artiste aussi peu au point. Quand on pense que c’est en avant programme de Soap&Skin qu’on avait découvert Fink ou Nils Frahm...

On en profite donc pour bien s’installer dans une AB en configuration entièrement assise. Ce qui finalement n’est pas une mauvaise chose. On n’est pas là pour pogotter de toute façon.

Sans doute comme pour les drogues (mais mon expérience est nulle en la matière), la base d’une addiction est un rush tellement fort la première fois qu’on essaie de le reproduire encore et encore. Voir Soap&Skin en concert, c’est ça, c’est essayer de reprendre la claque prise à la Rotonde il y a trois ans. On avait retenté il y a deux ans, et nous revoilà. Sensiblement dans les mêmes conditions, puisqu’Anja Plaschg revient avec un ensemble. Deux instruments à vent, cinq à cordes. Et aussi son piano à queue. Et son laptop, lequel lance d’emblée son morceau pénible, ce controversé Deathmental. Mais l’ambiance pesante est installée. La tenue, moins fantaisiste que lors de son dernier passage, montre peut-être qu’elle se cherche moins. Je ne sais pas trop pourquoi, mais ça me rassure.

Si on retire le morceau susmentionné, le récent EP Narrow est de belle facture. Sans doute pas aussi uniformément fantastique que l’album Lovetune For Vacuum, mais on sait qu’on y reviendra. Notamment parce que des morceaux comme Vater procurent des picotement dans l’échine. Anja est une interprète intense, qui a la maitrise complète des évènements. Et si parfois sa voix s’échappe, c’est pour mieux en souligner l’humanité. On retrouvera donc avec plaisir Thanathos et autres Voyage Voyage, réussissant à donner des frissons avec une scie éculée. Je ne suis pas toujours convaincu par l’apport de sons électroniques préenregistrés, mais c’est un détail, les morceaux se suffisent à eux-mêmes. Et Marche Funèbre semble avoir trouvé sa forme définitive, révélant un abattage scénique qu’on ne soupçonnait pas, une intensité physique qui force l’admiration.

Les rappels, normalement, sont faits pour se remémorer les hauts faits d’une carrière. Elle a beau n’avoir que 22 ans, il y en a déjà beaucoup, qu’on s’étonne de ne pas entendre ici. Il y avait de la place pour Cynthia ou spiracle quand même, non ? A la place, ce sont deux reprises qu’elle exécute. Une recueillie du Pale Blue Eyes du Velvet puis un The End qui doit beaucoup à la relecture qu’en avait faite en son temps Nico, référence assumée puisqu’elle était reprise sur le premier EP. On en ressort donc satisfaits, ayant eu notre content d’émotions. Trois ans après sa découverte, le doute n’est pas permis, Anja Plaschg nous est essentielle, et pour un bon bout de temps encore...

(des conditions pareilles sont bonnes pour l’écoute mais nettement moins pour la prise d’images. J’en ai néanmoins sauvé quelques-unes ici)

    Article Ecrit par Marc

Répondre à cet article

1 Message

  • Soap&Skin, AB, 18/04/2012 20 avril 2012 13:37, par nico

    (Pour l’anecdote ; la musique "de fond" avant la première partie était justement Nils Frahm)

    Je ne dirai rien de plus sur la première partie. Dommage, c’est souvent une bonne occasion de découvrir de nouvelles choses.

    Je n’étais malheureusement pas au premier concert à la rotonde. Mais j’étais là il y a deux ans à l’AB, et j’en avais gardé un très bon souvenir, mais pas exceptionnel non plus. La différence n’est peut-être pas très grande, mais change radicalement ce qu’on vient à attendre des prestations suivantes : espérer se reprendre une claque ou juste profiter d’un bon concert. Second choix pour moi donc ...
    Et, je ne sais pas trop comment le dire ni l’expliquer, mais ce concert a été ma claque (énorme) ! Je crois que c’est le premier concert aussi intense auquel j’assiste ... Me voilà dans la première catégorie que je citais juste ici avant, j’ai maintenant peur d’en attendre trop des prochains concerts et peut-être de ne pas retrouver cette sensation ressentie ce soir-ci !

    En ce qui me concerne, l’apport de sons électroniques du laptop ne me dérange pas du tout, au contraire, je trouve que ça rajoute une certaine dynamique et intensité aux morceaux (un peu à la manière d’Olafur Arnalds), et puis ça varie un peu le "spectre" sonore. Dans cette même idée de variété, les reprises tombaient bien pour moi. Evidemment les morceaux non joués que tu cites auraient largement mérité leur place, mais j’apprécie le fait d’entendre autre chose aussi (un des attraits des concerts ; entendre/voir ce qu’on n’a pas sur CD). Seul Boat Turns Toward The Port m’a manqué, ce cri répété à la fin du morceau me fait toujours un certain effet, que j’aurais bien expérimenté en live.

    Le jeu de lumière est un autre élément pouvant tout autant ne pas apporter grand chose au concert (et donc juste "faire de la lumière parce que ça le fait et qu’on aime bien des lumières qui vont dans tous les sens en concert" (genre Shearwater, un des derniers concerts vu, très bon, mais rien de spécial à ce niveau-ci)) ou alors renforcer l’intensité du concert (est-ce compréhensible ce que je raconte ? ^^), comme ce fut le cas ici. [à tout hasard, personne n’aurait une photo de la scène juste avant le début du concert (quand le piano était faiblement éclairé par deux spots, lumière légérement bleue il me semble) ? J’aimais beaucoup l’image :)]

    Fin, je ne suis pas super doué pour raconti mon ressenti, mais en gros ce fut un concert exceptionnel pour moi. Soap&Skin est assurément une artiste que je continuerai à suivre, autant ses enregistrements que ses lives.

    repondre message

  • Okkervil River + Jawhar, PIAS, 29/03/2018

    Ca faisait un peu de temps qu’on n’avait plus parlé de concerts ici. D’autant plus que le temps avait manqué pour relater les deux derniers déplacements. L’endroit du soir est nouveau puisqu’on découvre le siège de PIAS, qui abrite aussi un très bel assortiment de vinyles et une salle de concert intime et accueillante.
    Le programme était pour nous un ’double bill’, ce genre de proposition qui associe (...)

  • Albin de la Simone, Nuits botanique, 11/05/2017

    Le plaisir de la découverte fait évidemment partie de ce qu’on aime en concert mais on ne boudera jamais une valeur sûre. Jamais on n’a été déçus par Albin de la Simone et il va garder son brevet d’invincibilité.
    Ce jeudi lance donc les Nuits Botanique et comme tous les ans, une belle programmation, une bonne ambiance et sans doute une météo mitigée.
    Cette bonne ambiance nous a fait rater le début (...)

  • The Dears, Plants and Animals, Botanique, 21/02/2017

    D’habitude, les compte-rendus de concert sont écrits avant que les photos ne soient disponibles. Cette fois-ci pourtant, il n’y en aura pas. Pour la première fois en dix ans et après une centaine de concerts (à vue de nez), mon ami l’appareil photo n’a pas été autorisé à entrer avec moi...
    Mais bon, on était là pour écouter de la musique surtout et on n’a pas été déçus de ce côté-là. L’affiche du jour (...)

  • Jeanne Cherhal, Théâtre 140, 20/01/2017

    Il est bon de temps en temps de revoir en concert ceux qui nous enchantent sur disque. Et le dernier Jeanne Cherhal avait confirmé ses bonnes dispositions. Sa très longue tournée maintenant clôturée passant par notre capitale, il était plus que tentant de reprendre contact avec le Théâtre 140.
    La formule piano-voix ne permet pas d’approximations, et quand le talent le permet, c’est souvent un grand (...)