samedi 26 mai 2012, par
Norvège vue du Canada
Ca m’arrive assez peu, mais là, je sens qu’il manque sérieusement de sel dans les sorties récentes. Vous avez lu par ailleurs que tout n’est pas à jeter, loin de là, mais des albums qui emballent à la première écoute, ce n’était quand même pas rare, si ? Dans ce cas-là, on sait qu’il faut se laisser guider par le hasard, que l’attente finit toujours par payer. Et à chaque fois, on est récompensé. La satisfaction du moment est donc à attribuer au Canadien Philippe Garceau, qui a un peu remonté le Saint-Laurent pour rejoindre la ville de création par excellence, Montréal (Brooklyn est un peu plus loin…).
Une écriture classique, avec quelques apports extérieurs, c’est la recette de plusieurs coups de cœur récents comme Low Roar, Porcelain Raft ou Youth Lagoon. Le premier morceau est ainsi une délicate balade, avec voix légèrement plaintive. Et puis déboule une inattendue montée, une simple guitare qui bourdonne mais offre un beau champ de possibles, qu’ils exploitent au cours de montées légères comme Why I’m Here.
C’est dans ces moments-là qu’on se dit qu’il y a encore une marge de progression non négligeable, que ces chansons délicates et déjà bien belles n’ont pas utilisé tout leur potentiel décapant. Notwist ne s’est pas fait en un jour. Il est sans doute un peu hasardeux de citer ces intouchables Allemands, mais c’est le meilleur exemple que j’ai sous la main et puis l’écriture et la mise en son y ramènent souvent. N’attendez pas la même perfection, mais c’est ce type de mélange que vous entendrez sur cet album de The Bright Road (c’en est même flagrant sur un Understanding Love), même si parfois les goûts sont plus classiques (Take Control), s’il y a aussi une chanteuse, qu’il ne laisse chanter que sur le charmant Sail Away.
Ne comprenant pas l’espagnol, j’ai trouvé Tu Muerte moins passionnant. Ne noircissons pas le tableau cependant, ça ne dure même pas deux minutes, et comme il s’agit d’un hommage à sa grand-mère disparue, on lui laisse ce moment de souvenir. Plus déroutant, il s’ose même au Norvégien (Du), ce qui au final est moins exotique que du Sigur Ros, et est prolongé d’un peu de guitare enfin lâchée.
Parfois, je me dis que le seul intérêt de ce site, c’est d’aller dénicher des groupes comme ça, trouvés par hasard et familiers après deux écoutes. Dans les moments de calme plat, il faut continuer à chercher, à découvrir. On tombe toujours, je dis bien toujours, sur un artiste qui peut nous rendre le sourire. Et dans ce cas, on refile le tuyau à qui veut bien l’entendre. Lecteur, tu sais ce qu’il te reste à faire (un indice : le lien ci-dessous).
http://thebrightroad.bandcamp.com/album/norway
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