mercredi 13 juin 2012, par
Refuges
Americana est un terme refuge, de ceux qu’on utilise faute de mieux, suffisamment vague pour coller à plein de choses et pourvoir être utilisé dans un large contexte pour avoir l’air de savoir de quoi on parle. Un peu comme ‘bobo’ quoi. Même si on ne prête qu’une oreille distraite à ce qui se fait de nos jours, il est difficile de cacher bien longtemps des références à Neil Young, c’est donc un refuge aussi pour le critique en manque de repères, l’influence du loner canadien affleurant quand même souvent.
C’est donc sur le folklore américain pur jus que le groupe reformé a jeté son dévolu. Donc si certains morceaux sont connus, ils ne le sont pas tous pour nous. L’aspect clin d’œil moins marqué marchera forcément moins de ce côté-ci de l’Atlantique. On se souviendra aussi que Gallow’s Pole avait déjà été repris par Led Zeppelin en son temps. Et à part quelques titres un peu limite (Get A Job), c’est un album de reprises assez prévisible, l’originalité se bornant souvent à répéter le refrain en fond (Tom Dula, Oh Susannah). Au contraire de Bruce Springsteen qui avait tenté de préserver une ambiance plus ‘folklore’ et avait réussi à garder une certaine intensité, Neil Young et ses amis ont décidé de tout passer à leur moulinette.
Neil Young retrouve donc le Crazy Horse, ce son particulier à la fois très connoté ‘classic rock’ (genre qui ne me plait pas outre mesure) mais très moderne dans son ampleur et son débraillé. Quand il n’est pas au service de brûlots, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est complétement en roue libre, que le cheval fou est au petit trot sur un sentier tout droit. On a l’impression qu’ils pourraient tout reprendre comme ça, du top 50 au chant religieux, de façon systématique et routinière.
Étrange idée aussi de clôturer par God Save the Queen. C’est à la guitare électrique bien entendu, mais est plus un exercice potache que subversif (comme Hendrix à Woodstock), avec des chœurs un peu irritants. Peut-être sa manière de rappeler en tant que natif canadien son attachement au Commonwealth à l’heure du jubilé. Oui, il vient d’étranges idées quand la musique ne monopolise pas toute la concentration. Parce que l’adrénaline n’est vraiment pas au goût du jour de cet exercice qui apparait au mieux comme dispensable, au pire comme paresseux.
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