mercredi 4 juillet 2012, par
Le système Metric
Comment survivre au succès s’il survient tard ? C’est la question à laquelle le groupe de Toronto aura eu à répondre sur son cinquième album. Après quelques réalisations qui comptaient leurs très bons moments mais étaient fondamentalement inégaux, ils ont décroché logiquement la timbale avec leur meilleure réalisation (Fantasies donc). En réécoutant cet album, celui-ci fait assez pâle figure, du moins en première impression. Il m’a fallu plus de temps que prévu pour en faire le tour, alors que je m’attendais à une reprise de contact plus rapide de la part d’une formation que je connais bien et qui ne fait pas dans l’expérimental aride. Mine de rien, le temps passant et les chroniques s’espaçant, cet album sera passé et repassé maintes fois dans mes oreilles. Ce qui est un bon signe convenons-en.
Un album qui commence par ‘I’m just as fucked up as they say’ a ma sympathie naturelle. La voix d’Emily Haines est d’abord rêveuse avant que le son carré n’arrive. Du pur Metric quoi, et on retrouve avec plaisir ce mélange certes pas audacieux mais souvent réussi. Ce mélange peut prendre plusieurs teintes. Être assez basique comme sur la plage titulaire ou plus pop sur Lost Kitten, la voix d’Emily Haines s’y prêtant très bien. Donc, d’une manière générale, ça fait plus dodeliner de la tête que donner une franche envie de slammer dans les murs, mais Nothing But Time a une ampleur suffisante pour que l’accessibilité ne soit pas neuneu. Dès la première écoute, on guette ses futurs moments préférés et on trouve Speed The Collapse où ils montrent tout leur allant pop, ou alors la basse profonde qui rend Breathing Underwater chouette comme tout.
Il nous faut aussi souvent de la musique qui passe toute seule, sans trace de recherche sonore trop compliquée, sans trop d’aspérités et à une vitesse élevée pour éviter la chute d’attention. Et il y a tout ça sur cet album de Metric. Dans le cas contraire, Clone montre qu’ils n’ont jamais été vraiment à l’aise quand le tempo est lymphatique. Parfois aussi, tout semble en place pour un revirement qui ne vient jamais et Youth Without Youth ne décolle pas. Ce n’est pas grave, parce que l’envie de zapper ne vient même pas.
Quand un groupe sort un album du calibre de Fantasies avant de rentrer dans le rang, on peut parler de relatif tassement. Mais s’il n’y avait eu cet album de la dernière chance, on aurait pu dire que ce Synthetica était ce qu’ils ont fait de plus constant. Issue de la riche scène de Toronto, ou du moins cette large frange qui gravite autour de Broken Social Scene et ses satellites, la formation garde en tout cas son savoir-faire, à charge de sa chanteuse de faire la différence.