samedi 4 août 2012, par
Il y a des groupes comme ça, qui vous ont marqué plus qu’on ne le pense ou n’ose se l’avouer. Souvent écoutés à un âge de découverte où on est plus sensibles, ils restent quelque part dans le fond de la mémoire, et ne reviennent que le jour où on retrouve une vieille tablature ou un vieux cd. Ou alors, comme dans le cas qui nous occupe, un album qui sort pour nous rappeler à notre bon souvenir. Peut-être que je dois aux Levellers quelques-unes de mes inclinations. En tous cas, ils avaient ouvert une brèche dans laquelle se sont finalement engouffrés de meilleurs groupes (disons un bon tiers de ce dont je parle ici) et c’est une raison suffisante pour ne jamais les renier.
Le côté celtique est maintenant plus policé, moins direct, et fait presque figure de gadget sur Truth Is. Les textes engagés ne m’avaient pas retourné, mais il faut dire qu’ils avaient une belle énergie sur Another Man’s Cause ou A Weapon Called The World. Comme les déboires adolescents de Cali ou Indochine, les positions politiques radicales des Levellers laissent perplexe l’adulte trop sérieux que je suis devenu. De plus le contraste évident entre ces positions tranchées et cette accumulation de couches de son très propres sur elles, me font l’effet d’un autocollant anarchiste sur le pare-chocs d’une Mercedes.
Les tendances actuelles, ou à tout le moins ce que j’en écoute, font la part belle soit au lyrisme ou à la luxuriance, soit à une légèreté très poussée. Il est donc devenu moins habituel d’entendre des synthés dès le morceau d’intro, même si ce sera la seule fois. Surtout qu’ils empruntent un chemin plus traditionnel dès le second morceau. Certes, on ne retrouvera nulle part ici la verve d’Hear Nothing, Fear Nothing, Do Something, mais ils arrivent toujours à trousser un morceau tout simple comme Alone In The Darkness. Comme plaisir coupable en tout cas, Mutiny passe tout seul.
Pour le reste, c’est du Levellers classique, pouvant séduire en n’utilisant qu’un intéressant gimmick de violons sur Forgotten Towns, passer d’un très plan-plan After The Hurricane à une chanson à boire que n’auraient pas renié les Pogues (The Recruiting Sergeant).
Peut-on reprocher aux gens ou aux artistes de ne pas avoir suivi exactement la même évolution que nous ? Sans doute pas, mais à l’heure où la musique acoustique ou électrique d’obédience folk est d’une richesse et d’une diversité folles, cette capsule importée directement des années ’90 est un peu incongrue.
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