dimanche 12 août 2012, par

Tournons autour
Ca fait trois mois que je tourne autour de cet album, trois mois que les mots s’échappent, que les sensations peinent à prendre une forme écrite. Mais au contraire de ces albums qu’on balaie vite parce qu’on les sent hermétiques, ce Monument m’a tout de suite intrigué. Si je veux vous transmettre mon intérêt, ou mon trouble, il faut pourtant que je me jette à l’eau, avec la nécessaire imprécision d’un mode d’expression pour en évoquer un autre.
Sans doute qu’un détour par une présentation s’impose. Le passé des protagonistes peut en effet éclairer le contenu, puisque cette formation est la énième émanation de Portland, Oregon. Certains coins sont décidément plus intéressants que d’autres quand on s’intéresse à la musique, et Portland a une richesse sidérante en la matière. J’aime en tous cas beaucoup la voix de Corinna Repp, qui lui permet un peu de majesté et peut suivre pas mal de circonvolutions. L’autre membre fondateur, Joe Haege, est aussi le leader des très arty 31 Knots, groupe qui m’a toujours intéressé mais sans que la porte d’entrée ne se révèle vraiment. En outre, il a accompagné en tant que musicien Menomena sur la route. Et là, on se retrouve tout de suite en terrain plus connu.
Cet autre groupe de Portland est en effet assez facilement comparable sur Build A Great Cliff, ou alors dans certaines des réussites de cet album comme Wager. J’ai apprécié en tout cas cette épaisseur, cette propension à partir sur une base ample et occasionnellement briser l’équilibre d’un coup de guitare acéré. Ils ne se basent pas sur des refrains et des couplets mais sur une autre logique, celle de la rupture occasionnelle. Comme si les Liars se mettaient à la pop à voix féminine. Pour rester dans les comparaisons, j’ai aussi pensé à la pop tordue de Roisin Murphy période Ruby Blue (Blood Stains) ou les circonvolutions de St Vincent (Skin And Bone).
Cependant, jamais l’auditeur n’est pris à rebrousse-poil., et l’album présente une belle constance entre l’intro un peu pompière d’Anchors et la farandole tribale de Bones qui est la conclusion logique. Entre les deux, outre les morceaux déjà évoquées, il faut faire un détour par l’impeccable lourdeur d’A Pose For No One ou In The Center Of Powder. Tu Fawning est un groupe attachant même s’il laisse peu de choses à aimer dans le détail. On peut apprécier des albums qu’on ne comprend pas, tout simplement parce qu’ils nous intriguent, parce qu’on a aimé les écouter encore et encore, et parce qu’on espère que cet enthousiasme va inspirer des écoutes.
http://www.tufawning.com/intro/
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