Accueil > Critiques > 2012

DeVotchKa - Live With The Colorado Symphony

lundi 26 novembre 2012, par marc

Maximalisme


Une vie ne suffirait pas à faire la liste des mauvaises idées musicales. Les plus pernicieuses étant celles ne sont pas immédiatement détectables. Après Patrick Wolf qui revoit ses ambitions à la baisse et en sort de bien belles versions, c’est le trio DeVotchKa qui prend ses aises avec rien moins qu’un orchestre symphonique. On a connu quelques accidents industriels dans le genre, comme un Metallica finalement rigolo, mais aussi des confirmations brillantes comme celle que nous a apporté Antony cette année.

Les instruments autres que la guitare-basse-batterie ont toujours été présents chez DeVotchKa. Ce qui fait que cet orchestre ne fait que souligner et ajouter de l’ampleur à des morceaux qui souvent ne demandaient que ça. Dès The Alley, on constate le gain sensible en ampleur. N’attendez donc pas des versions compassées, mais quelques belles et remuantes choses. Contrabanda est de celles-là.

Quand un morceau brillant se trouve sur un album, il y a des chances que ce soit dû à la virtuosité de l’ingénieur du son. Il faut parfois attendre le verdict de la scène pour que le potentiel soit révélé. Pas de doute pour le virevoltant All The Sand In All The Sea qui monte encore d’un cran en intensité. Ne pas ralentir le morceau malgré la présence d’une belle brochette de musiciens est définitivement une bonne idée.

Je ne connaissais donc pas le somptueux final How It Ends qui lui aussi pourra figurer dans l’anthologie des morceaux de fin (projet à avorter prochainement). Firetrucks On The Boardwalk, morceau présent sur les versions étendues de 100 Lovers est un instrumental qui reçoit le renfort d’une chorale d’enfants. Il est donc particulièrement à sa place ici.

Ce ne sont pas les moments plus latinos qui me plaisent le plus, sans doute parce qu’ils sont moins propices à cette relecture (Along The Way). Par contre, ils cultivent toujours aussi bien cette forme de mélancolie enjouée comme peuvent le cultiver quelques ressortissants de l’est. Et, à l’instar de Beirut, on est surpris que ce soit un groupe américain qui puise dans ce large patrimoine.

On rappelle à tous les amateurs de Calexico, Beirut ou Get Well Soon d’ajouter cette formation à leur liste de courses (même s’ils n’ont pas la même constance et que la voix est un peu moins marquante), mais j’ai l’impression qu’ils ne m’ont pas attendu. Pour ceux qui découvrent, ce concert pourrait être une bonne introduction tant les morceaux du groupe du Colorado prennent de nouvelles couleurs avec ce traitement maximaliste. Dernière question, DeVotchKa, vous passez quand chez nous ?

http://www.devotchka.net/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)

  • My Name Is Nobody - Merci Cheval

    La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et (…)

  • The Decemberists – As It Ever Was So It Will Be Again

    Il y a quelque chose de frappant à voir des formations planter de très bons albums des décennies après leur pic de popularité. Six ans après I’ll Be Your Girl, celui-ci n’élude aucune des composantes de The Decemberists alors que par le passé ils semblaient privilégier une de leurs inclinations par album.
    On commence par un côté pop immédiat au très haut contenu mélodique. On a ça sur le (…)

  • Angrusori - Live at Tou

    Quelle est la chance d’un cocktail dont vous n’êtes pas fans des ingrédients vous plaise ? Elle n’est pas énorme peut-être mais elle n’est pas mince non plus, et c’est dans cet interstice que s’est glissé cet album d’Angrusori. Il se propose en effet de partir d’un corpus de musique traditionnelle rom slovaque revu par le filtre d’un ensemble contemporain norvégien.
    Si cette association (…)

  • Shearwater - Rook (mostly) solo in London, 2018

    On ne peut pas vraiment dire que Jonathan Meiburg soit quelqu’un de vénal. Il a même dû faire appel à l’équipe pour boucler la tournée des excellents Loma. Donc, s’il multiplie les sorties, ce n’est pas pour occuper le terrain. De plus, les bénéfices des ventes (en numérique et sur Bandcamp exclusivement) iront à l’International Rescue Committee qui soutient et défend les réfugiés partout dans (…)

  • The National - Boxer Live In Brussels

    Quand une critique tarde, ce n’est pas trop grave, l’album a une certaine durée de vie et la disparition presque complète de ce qu’on a appelé la blogosphère musicale rend encore moins impérieux le besoin de publier vite. Si on essaie de se conformer tant bien que mal au calendrier des sorties, on n’y colle pas au jour près. Par contre, une fois passé le lendemain d’un concert, on estime que (…)

  • Shearwater - The Sky Is A Blank Screen

    S’il est une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Shearwater, c’est celle de ne pas occuper le terrain. Depuis leur album Jet Plane and Oxbow de l’an passé, on a en effet eu droit à deux sorties virtuelles d’anciens concerts et une reprise intégrale du Lodger de David Bowie. Et maintenant sort ce live qui témoigne de la pertinence de leurs prestations publiques. Espérons que cette politique (…)