vendredi 21 décembre 2012, par
Il faut bien avouer, j’ai eu un peu tendance à railler le post-rock cette année, tant les productions des grands noms avaient tendance à stagner. Et puis il y eut l’expérience de Godspeed You Black Emperor, et puis je me suis rendu compte que j’appréciais toujours autant de découvrir de nouveaux morceaux dans le genre. On ne va pas encore une fois épiloguer sur l’inertie du mouvement, c’est maintenant une chose presque entendue et est hors propos dès lors qu’on n’attend que des frissons dans un genre très balisé. Combien de fois vous-êtes-vous laissé emporter par un film bien fait ?
Donc, dans une niche qui a sans doute atteint sa taille minimale, qui, à l’instar de celle des partisans de la photo argentique, ne diminuera pas, il reste encore bien des groupes à découvrir. Et il semblerait que pas mal puissent se dégoter du côté du label new-yorkais Fluttery Records qui a le bon goût d’aller chercher des talents partout dans le monde. C’est en Serbie qu’il a trouvé Ana Never.
Le nombre de titres (quatre), leur longueur (deux morceaux dépassent les 26 minutes…), des violons, une ambition non feinte. Si vous êtes comme moi, vous avez pensé « Godspeed ». Et comme les Canadiens, ils aiment prendre leur temps, commencer très lentement. On n’est pas pressés, on peut attendre 12 minutes pour que Future Wife s’embrase. Et le feu d’artifice est digne de l’attente, et reste long en bouche. C’est de la belle ouvrage, concernée et de fort bonne facture. Renseignements pris, cette formation existe depuis 10 ans, ce qui n’est vraiment pas une surprise tant ils maitrisent leur sujet.
Gorgeous One est plus langoureux, avec un arpège simple mais très bien soutenu par le violon. Cet album va crescendo, ce qui est une qualité qui ne profitera qu’aux auditeurs patients. Le post-rock rêveur et mélodique en diable se termine sur le plus bruyant To Live For. Et arrivés en fin d’album, ça fait vraiment du bien, prend un relief vraiment particulier. Il y évidemment une résurgence, obligatoire sur un morceau de 28 minutes. Et la poussée de fièvre finale est vraiment bluffante.
Un communiqué de presse laudatif, rien de tel pour nous inspirer la méfiance. Pourtant, force est de reconnaitre qu’on tient effectivement un des albums de post-rock essentiels de l’année. Le post-rock, c’est comme les séries, on ne demande pas de réinventer la roue, mais une dose de nouveaux morceaux sur un canevas connu. Donc, il y a ceux qui s’en tirent bien et puis les autres. Donc si vous faites partie de cette frange du public que le mot post-rock met en émoi (par exemple si vous êtes membre de Cecilia::Eyes), voici un groupe serbe qui pourra vous procurer votre dose régulière de sensations.
http://www.flutteryrecords.com/ananever.html
Ce qui est rare est précieux. Et dans un contexte musical où le post-rock se raréfie, les plaisirs que confèrent une formation comme Mono ne sont pas reproductibes par d’autres genres et deviennent d’autant plus précieux. Mais cette rareté ne confère pas pour autant le statut de chef-d’œuvre au moindre album du genre, loin s’en faut même.
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