mercredi 13 mars 2013, par
Choupinette riot
Un artiste peut-il avoir raison contre le reste du monde ? A-t-il d’ailleurs forcément raison ? Encore une fois, je me sens plus à l’aise pour poser des questions vastes et embarrassantes que pour y répondre. Le plus facile serait encore de s’en remettre à la postérité. Et là, on retrouve un peu de discernement. A part un bouleversement de l’axe de rotation de la terre, on ne se demandera pas dans quelques années comment notre génération a pu être stupide au point d’ignorer cette avancée majeure dans l’histoire de la musique.
Reprenons les choses depuis le début. Kate Nash s’est faite connaitre en 2007 par un album qui avait au moins un tube patenté (Foundations pour rappel) et une jolie série de choses tendres et féroces, livrées à hauteur de jeune femme sans fausse candeur mais avec une justesse indéniable. Son second album la montrait plus hésitante, entre volonté de prolonger l’état de grâce et une versatilité qu’on n’attendait pas d’un second album. Depuis l’EP Death Proof de l’an passé, on savait qu’elle voulait se consacrer au rock et à la guitare. On était donc prévenus, on ne peut même pas se dire surpris.
Première constatation, c’est via la mailing-list de Pledge Music que j’avais entendu parler de son album et de l’EP éclaireur. La voilà donc sur un label fondé par elle (have 10p) et se tournant vers le crowd funding. Ce ne sont plus les inconnus (potentiellement pénibles comme Grégoire) mais des artistes qui ont une discographie qui y ont maintenant recours. La vérité serait pourtant plus prosaïque, et il semble que l’Anglaise n’ait pas suscité l’enthousiasme fou des maisons de disques.
Installée à Los Angeles et entourée d’un groupe de filles pour cet enregistrement, elle évoque la musique comme moyen de salut. On est très contents pour elle que ça l’aide à aller et on comprend parfaitement qu’elle ne veuille pas uniquement faire ce que les gens attendent d’elle, mais le résultat est cet album qui ne nous emballe pas. Tentons d’exprimer pourquoi.
La guitare est là partout, tout le temps, et elle semble oublier qu’un jour elle a posé ses mains sur un clavier et que c’était bien. C’est moins envahissant sur le plus joli OMYGOD ! mais on a aussi l’impression qu’Unconventional devient donc une chanson rock sans avoir rien demandé à personne. Pour le reste, c’est surtout du rock garage propre sur lui. Pas du tout dénué de charme (Fri-end ?) mais on sent qu’il faudrait tout l’énervement (pas si) rentré de PJ Harvey pour que Part Heart devienne un monstre d’intensité.
Son parlé-chanté convient bien à Death Proof mais elle n’a pas renoncé pour autant à être une ‘vraie’ chanteuse. Et Sister est là pour le prouver. Mais elle se pousse trop loin, et notre empathie est sollicitée. En clair, on a mal à la gorge pour elle.
L’album n’est pas non plus spécialement court (15 titres), ce qui fait qu’arrivé à Cherry Pickin’, une pointe de lassitude peut se muer en irritation. Surtout face à la pantalonnade de Rap For Rejection. En tous cas, on n’a pas trouvé sur cet album un morceau qu’on aurait envie d’écouter encore et encore, qui pourrait justifier ne serait-ce qu’une réécoute plus tard.
Je me pose quand même une question : qui va écouter ça ? Les fans hardcore ont visiblement répondu présent pour souscrire et appuyer cette sortie, mais je la vois mal les amateurs de rock à guitare s’enflammer. On a un son plutôt actuel, style Vivian Girls, mais elle n’ose jamais non plus être complètement bruyante. On sent une rage juvénile un peu étrange chez une fille de 25 ans chez qui on avait décelé tant d’expérience à vingt. Espérons maintenant qu’on n’ait pas à subir un album de black metal de Lily Allen.
Kate Nash est comme un pote qu’on fréquentait dans une activité commune et qui a décidé de changer de club. On le revoit encore de temps en temps, mais la conversation est plus difficile maintenant que les points communs ne sont plus là. Toute trace du premier album étant maintenant effacée, on peut presque dire qu’on a affaire à une autre artiste. Elle pratique un genre qui me plait moins, et où j’estime que son talent est moins manifeste. Il faut souligner l’énorme part de subjectivité et de mauvaise foi qui peut se cacher dans ces phrases. Il n’en reste pas moins qu’on risque d’oublier bien vite ce Girl Talk qui montre à la fois une volonté de changement et un fonds de commerce qui l’empêche de le faire vraiment.
Dansante et hédoniste, la musique de Snapped Ankles se veut une distraction volontaire, un mécanisme de survie assumée plutôt qu’un aveuglement négation. Et c’est vraiment vital ici et maintenant. La danse comme manière de rassembler et d’évacuer. Pourquoi pas, surtout que ça n’inhibe pas l’action par ailleurs.
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