vendredi 6 septembre 2013, par
Un album poids moyen
Quand on me parle de gymnase, de New-Hampshire (l’état d’origine de Will Sheff), de récit intimiste et d’histoire de familles, de parents professeurs dans un internat, j’ai l’impression de lire un quatrième de couverture de John Irving. Comme chez l’auteur américain, on retrouvera sur sa route une histoire entamée à l’enfance, de l’innocence qui se perd, le pas trop lent de la vie adolescente dans une petite ville, la renommée qui vient toujours à un moment ou un autre même ils sont écrivains ou acteurs chez Irving et pas chanteurs. D’ailleurs, pour ajouter une dimension plus tangible à l’expérience, vous pouvez même vous balader dans la carte de Meriden, New Hampshire ici
Evidemment, c’est un album d’Okkervil River, mais toute l’écriture de Will Sheff l’infuse si totalement qu’on pourrait le prendre pour un album solo. Evidemment, les musiciens restent sobres et efficaces, pour permettre à Will d’être expressif. D’ailleurs, lors des premières écoutes, il est manifeste que si c’est un album dans la lignée de ce qu’on leur connait, la flamboyance n’apparaît pas trop. Et quand elle est très manifeste (All The Time Every Day) on perd un peu en lisibilité.
Le tout peut apparaître assez positif même si le propos ne l’est presque jamais. (And it’s not alright/It’s so far from alright sur Down Down The River). Les plus enjouées n’étant sans doute pas les meilleurs (Stay Young). La voix n’a évidemment rien à voir, mais on a souvent placé Okkervil River dans le sillage narratif de Bruce Springsteen et on en retrouve des traces dans la musique ample et dans la narration. Au rayon des connaissances, on peut ressentir des affinités avec Pulp sur un Pink Slips, la voix qui pousse un tempo lent, et un ton à la fois joyeux et désabusé d’Acrylic Afternoons. White irait plutôt lorgner du côté d’Echo and the Bunnymen quand la voix ne s’élève pas trop.
Sans vraie locomotive, cet album s’aborde comme souvent chez eux d’une traite. Pourtant lt Was My Season se révèle écoute après écoute comme un de ces morceaux dont on ne se défait pas. On reste cependant loin de l’enchainement de perles presque pop de The Stage Names. Mais outre le joli effet d’ensemble, on notera la belle intensité de Walking Without Frankie (dont le motto est Confidence Is Like A Tumor). Et puis il y a le plus brillant Where The Spirit Left Us, où encpre mieux qu’ailleurs on goûte ce mélange de nostalgie tenace et d’euphorie
Les romans de John Irving n’ont pas toujours eu les adaptations cinématographiques qu’ils méritaient (même si elles sont toutes dignes) parce qu’il est difficile d’en faire ressortir toute la foisonnante flamboyance. Une série serait sans doute un meilleur format. Mais cet album d’Okkervil River pourrait être une troublante transposition musicale de cet univers. Les artistes peuvent arriver à transcender leur passé et donner à leur quotidien révolu une résonance plus large. Will Sheff est définitivement de cette race.
Au moment de boucler, je tombe sur leur site et l’hallucinant jeu qui l’accompagne : allez-y de ma part http://www.thesilvergymnasium.com/. La version 8-bit de Down Down The Deep River vaut à elle seule le déplacement.
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