Accueil > Critiques > 2015

Archive - Restriction

jeudi 12 février 2015, par marc


On a depuis longtemps abandonné l’idée incongrue qu’Archive soit un tout grand groupe. Plus de dix ans et autant d’albums plus tard, l’espoir suscité par You All Look the Same To Me n’a pas été souvent confirmé et finalement, on s’est habitués à une attente moins grande. Etrangement, la popularité du groupe n’a jamais pâti de cette carrière en dents de scie. Si Controlling Crowds ne nous avait pas complètement convaincu, le suivant semblait marquer un retour en forme.

Ils entament les hostilités avec une belle vigueur, par un morceau plus rentre-dedans qu’attendu. Mais ce n’est pas dans cet exercice qu’ils donnent leur meilleur. Pas de chance, ils embrayent sur le très répétitif Restriction qui tente quelques variations sans les réussir vraiment.

Cet album d’Archive parvient à rester majoritairement agréable mais reste souvent un peu trop lisse. Ceci dit, c’est la marque de fabrique d’un groupe qui a toujours bien plus suggérer l’émotion que vraiment la susciter. Certes, il n’y a jamais eu de grand vocaliste chez Archive, mais depuis que Craig Walker est parti, c’est clairement un point faible. Surtout que le traitement réservé aux voix féminines, plus décoratives qu’évocatrices sur Kid Corner ou montant de façon trop sirupeuse sur Half Built Houses ne sont pas là pour les contrebalancer. Si le résultat peut être bien plaisant (End Of Our Days), il peut aussi manquer de consistance pour séduire (Black And Blue).

Il y a plusieurs choses qu’on a pu apprécier chez Archive et force est de constater qu’on ne les retrouve pas toujours. On sait qu’ils ont abandonné depuis longtemps les longs morceaux en variation lente mais continue, mais les solutions de remplacement ne sont pas encore à la hauteur. Ils initient donc des remontées sur Third Quarter Storm ou Ladders (et ses guitares crissantes), tentent un peu de tension sur Ride In Squares mais ça semble un peu décousu, comme s’ils manquaient d’un plan.

Ils se lancent même dans un groove plus poussé (Ruination), s’éloignent de leurs poncifs et l’avenir seul nous dira s’il s’agit d’une incursion momentanée ou d’une piste suivie. C’est donc en force qu’ils passent et c’est en effet comme ça que c’est le plus percutant (Crushed). Parce qu’il n’y a pas de composition ou de mélodie spectaculaire, il faut que la tension soit là dès le début ou s’installe par des montées.

Après Controlling Crowds part IV qui avait agréablement surpris, on se situe maintenant dans un creux (sans doute transitoire) relatif qui semble confirmer qu’Archive se débrouille avec un style qui plait à son public qui ne sera plus bousculé, avec plus ou moins d’inspiration selon les années.

http://www.archiveofficial.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Archive - Restriction 13 février 2015 10:00, par elnorton

    Curieux, j’ai un avis exactement contraire sur Part IV (le début du déclin pour moi) et Controlling Crowds (le chant du cygne) dans mon approche de leur disco.
    You All Look et Londinium restant, dans deux styles différents, leurs deux chefs-d’oeuvre.
    Et ce dernier ne m’a pas vraiment convaincu non plus.

    Voir en ligne : http://last-stop-this-blog.blogspot.fr

    repondre message

    • Archive - Restriction 13 février 2015 14:07, par Marc

      En fait, le Controlling Crowds m’avait paru plus sympathique parce que moins prétentieux, voilà tout... Leurs meilleurs moments semblent bien loin, on est d’accord !

      repondre message

  • Archive - Restriction 20 février 2015 09:10, par Laurent

    Pas tout à fait vrai sur les longs trips prog, voir à ce propos le précédent "Axiom". Après, je ne peux que te donner raison sur tous les autres points : manque d’un vocaliste d’exception, côté lisse, exercices ratés de concision et de répétition foireuses, et cet inexorable déclin d’un groupe dont le dernier grand album date d’il y a plus de dix ans ("Noise" pour ce qui me concerne).

    Deux choses à souligner cela dit : primo, Archive reste occasionnellement capable de sortir des disques réussis ("With Us Until You’re Dead" en fait partie pour ma part), et secundo, que ça reste un bonheur de les voir sur scène ! Bon... d’accord, surtout quand ils jouent les vieux morceaux...

    repondre message

    • Archive - Restriction 21 février 2015 19:21, par Marc

      C’est vrai que With Us Until You’re Dead était un de leurs meilleurs albums récents. Je n’avais pas trop aimé Noise à l’époque mes souvenirs sont bons. Enfin, c’est ce site mes souvenirs... Je passerai mon tour pour les concerts de la semaine prochaine, préférant voir les Decemberists

      repondre message

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • PJ Harvey – I Inside The Old Year Dying

    C’est un phénomène que j’ai du mal à m’expliquer. Il m’est difficile voire impossible de me plonger dans des œuvres récentes d’artistes que j’ai beaucoup aimés il y a longtemps. Si dans certains cas c’est la qualité de leurs albums qui est l’explication la plus facile (Muse, The Killers, Foals...), c’est plus mystérieux en ce qui concerne Radiohead, Nick Cave ou PJ Harvey.
    Il faut dire aussi qu’elle a pris (...)

  • Ralfe Band - Achilles Was A Hound Dog

    Outre un flair hors-normes pour dégotter des talents très actuels (Nadine Khouri, Raoul Vignal, Emily Jane White...), Talitres a aussi le chic de remettre en selle des formations culte. A l’instar de Flotation Toy Warning ou The Apartments, Ralfe Band était passé sous nos radars et c’est le label bordelais qui nous le signale.
    Et il fait bien. Si les albums précédents du groupe d’Oly Ralfe datent (...)

  • The Veils – ...And Out of the Void Came Love

    The Veils est ancré à l’histoire de ce site puisqu’à peu de choses près ils avaient constitué un de nos premiers coups de cœur, en 2004. On avait évidemment suivi toute leur discographie, noté qu’ils étaient absents depuis un petit temps mais il faut être honnête, on avait un peu oublié l’album solo de Finn Andrews. En une heure et quinze morceaux, un des albums de l’année fait le tour du propriétaire et des (...)