mardi 14 avril 2015, par
L’Art Poétique
De la musique avant toute chose
C’est ainsi que commence l’Art Poétique de Paul Verlaine et si le raccourci peut sembler abrupt, il s’applique aussi aux envies de Dominique A. La sortie de son album précédent couplée à la réédition de sa discographie ne laissait pas planer le doute, c’est une œuvre globale que le natif de Provins nous propose. Et si on détermine parfois des termes communs aux chansons d’un album, c’est sans doute plus le fait du contexte de l’écriture que d’une volonté délibérée.
Parce qu’il le confesse, un album de Dominique A part d’une envie de son. Après l’ampleur de l’horizon, la relative sécheresse de La Musique et les instruments à vent de Vers Les Lueurs, il a eu envie de concision. De compacité, certes, mais pas de nudité non plus. En fait, cet album se trouve au confluent de deux volontés, celle de jouer en trio et une envie de cordes.
Pour assouvir la première, il a choisi de réunir Sacha Toorop (Zop Hop Hop, grand souvenir belge indie des années ’90) qui l’avait déjà accompagné et son bassiste Jeff Hallam et d’enregistrer en direct. Les parties orchestrales ont aussi été enregistrées en live, donnant une belle énergie à l’ensemble. Les cordes sont aussi fort présentes, se mêlant très harmonieusement aux morceaux sans jamais en dénaturer le caractère direct. On peut le dire, le dosage est subtil et parfait.
Les deux morceaux proposés pour donner envie de cet album étaient bons. Très bons. Trop bons même serait-on tentés de dire tant ils supportent mieux que les autres d’être extraits du contexte de l’album. La plage titulaire est en effet un des meilleurs morceaux de Dominique. Il assure s’être inspiré de sons cold-wave. Le The Cure de sa géniale trilogie (17 Seconds, Faith et Pornography) reste en effet un parfait exemple de concision et d’émotion. Le tout joué en trio. Au Revoir Mon Amour, co-composé par sa compagne Laetitia Velma est un de ces morceaux soyeux qui présente une douce amertume et quelques phrases bien senties (Mieux vaut ne pas s’aimer/qu’un jour ne plus s’aimer).
Mais une fois lancé par impressionnant Cap Farvel, cet album dégage une force tranquille qui impose le respect. Tout s’enchaine sans pitié et sans temps mort, sans respiration presque même si les morceaux sont plutôt aérés. Quand on cherche des similitudes de thèmes, on en trouve du côté du voyage. Evocations de grands espaces (Cap Farvel, Océan), de voyages qu’on ne fait pas (Par Le Canada, fantasme d’Amérique), évocations de noms de lieu qui excitent (Central Otago), instantanés d’ailleurs (Semana Santa), voyage immobile dans le temps (Une Autre Vie), tout est faussement dépaysant, parce qu’il impose sa vision, son interprétation.
Le nom de l’album est d’ailleurs une déformation d’Elleore, petite île Danoise qu’il n’a jamais visitée. Ce n’est pas un baroud de routard, c’est une suite d’évocations fortes. D’ailleurs, presque tous les morceaux méritent la mention. Les percutants deux premiers frappent d’emblée, d’autres nous restent sans qu’on s’en soit nécessairement aperçus (L’Océan, Nouvelles Vagues) ou qu’on aborde chaque fois avec autant de plaisir (Semana Santa, Une Autre Vie).
Si vous aimez Dominique A au point de vous infliger cette critique, il vous faut le second album Autour D’Eléor. Le désir de rester sous les 40 minutes pour ne pas diluer l’album en fait en effet une œuvre compacte qui ne couvre pas tous les aspects du talent de Dominique A. Ce second volet apporte donc un peu de respiration. Il regroupe quelques premiers jets comme Naissance D’Eléor qui semble un aide-mémoire pour ne pas oublier la magnifique mélodie ou Aux Sources d’Arma, des instrumentaux inspirés (Le Long Nuage Blanc, Cerné Par Les Falaises) et quelques ‘vraies’ chansons (Molly Drake). La Douceur est un vrai grand morceau mais qui ne se serait peut-être pas conformé au reste de l’album. Le plus étonnant, c’est que cet appendice a un son bien à lui, plus proche du post-rock par les sons de guitare employés.
Ne tournons pas trop longtemps autour du pot, Dominique A reste au sommet de son art. Il a des envies musicales et se donne tous les moyens de les assouvir. Il voulait de la concision et il réussit au-delà de toute espérance. Les morceaux s’emboitent et se répondent de façon tellement impressionnante qu’on ne peut jamais lâcher l’écoute en cours de son dixième album. Il faut l’écouter, encore et encore
Et tout le reste est littérature
Les informations proviennent de la longue et passionnante interview donnée à pop news
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