jeudi 25 février 2016, par
Comme nous sommes des gens consciencieux, nous faisons nos devoirs avant de nous rendre en concert. Pour bien profiter de la première partie de Shearwater, il fallait donc se pencher sur l’album récemment sorti de Cross Record. Et une fois le concert passé, l’envie était grande de prolonger le plaisir de l’album.
Nés à Chicago et maintenant domiciliés au milieu de nulle part au Texas, le couple Emily Cross et Dans Duszynsi vient en effet avec Wasi-Sabi (visiblement un terme japonais pour l’acceptation de l’imperfection) de livrer un album à la fois intime et sombre qui sera gratifiant pour tout qui voudra le découvrir. Car il faut convenir aussi que l’abord est un peu âpre. Les deux premiers morceaux font la part belle à la voix éthérée d’Emily (pensez à Hope Sandoval en sympathique) avec peu de structure autour pour fixer l’oreille, juste quelques poussées de cuivres et cordes probablement synthétiques
Mais cette raideur disparait vite, dès Steady Waves, pour entrer dans une zone plus gratifiante avec un arpège lancinant et finalement un morceau moins nu qu’on pourrait le craindre. Oui, les anciens Wye Oak pourraient servir de référence, avec un chant plus éthéré. L’album est lancé et peut dérouler avec en point d’orgue le très hanté Something Unseen Touches a Flower To My Forehead. Ceux qui ont apprécié Chelsea Wolfe ou Ana Von Hausswolff l’an passé vont sans doute bien aimé ceci. Si vous avez connu les Raider, il n’est pas interdit de penser aux Cranes.
Assurer la première partie de Shearwater n’est pas le seul lien entre cette formation et celle de Jonathan Meiburg puisqu’on retrouve sur High Rise le renfort de Thor Harris, ancien membre et maintenant derrière les futs des immenses Swans. Il apporte avec bonheur sa frappe lourde sur un morceau dont le riff n’est pas si éloigné des Pixies pour en faire une bien belle chose à la fois délicate et puissante. Sur l’inquiétant Wasp In a Jar, il ressuscitent rien moins que la sécheresse des premiers PJ Harvey.
D’une manière générale, une profusion de références (on ajouterait Jenny Hval) dénote une difficulté à bien définir un style. Lequel peut s’apprécier sans nécessairement être nommé. C’est ce qui se passe ici parce que cet album d’un abord un peu rêche prend vite son envol et rejoint la pile des artistes singuliers qui n’ont pas peur de se faire sombre pour séduire. Non, je ne conseillerais pas ce groupe à tout le monde. Mais pour ceux qu’un peu de raideur ne rebute pas, curieux d’écouter une musique sans artifice, c’est une rencontre à faire.
https://crossrecord.bandcamp.com/album/wabi-sabi
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi (...)
The National est sans doute le groupe qui nécessite le moins d’introduction. Parce que si on considère les critères du succès et de la pertinence artistique actuelle, c’est sans doute le plus grand groupe de rock du monde. Si on ajoute qu’Aaron Dessner s’est hissé sur le toit du monde des producteurs, que son frère jumeau Bryce réussit quelques belles musiques de film et que des projets comme LNZNDRF (...)
Sororité est sans doute le premier mot qui vient en tête à l’évocation de boygenius. Depuis ce live de KEXP où elles sont accueillies par Sheryl Waters, on a fondu pour cet incroyable trio. A priori, leur seul EP de 2018 n’appelait pas de suite mais comme c’est visiblement l’envie seule qui les guide ici, elles ont voulu prolonger l’expérience. Il faut dire que la démarche n’était pas celle d’un (...)
Si on a depuis toujours associé Xiu Xiu à la personnalité hors-normes de Jamie Stewart, on sait que la place d’Angela Seo est centrale. Le caractère de duo est maintenant encore mieux établi, la parité étant assurée au chant. Mais n’attendez pas de changement de cap, la flippante musique de Xiu Xiu garde tout son mystère.
Cet Ignore Grief n’a pas la flamboyance electro de certains essais antérieurs. Il (...)