vendredi 11 mars 2016, par
Notre époque s’est tellement habituée à la cohabitation de styles musicaux que personne ne se risque plus à parler de ‘revival’. On est tous bien d’accord que l’important, c’est de livrer des albums forts, pas tenter de ressusciter une illusoire période faste. La première écoute de l’album du couple de Montréal (Marie Davidson and Pierre Guerineau) rappelle plein de choses, certes, mais on se rend aussi très vite compte que dans le genre, rien ne peut vraiment s’en approcher.
Après une introduction très atmosphérique fournie en violons synthétique et dénuée de la pulsation qui porte le reste, on entre de plain-pied dans un monde à la fois synthétique et très humain. Synthétique parce que cette new-wave robotique et vraiment bien fichue tient le tout. Dépassée Par Le Fantasme peut faire penser à ce que Water Lily avait pu faire d’un sample de Plastic Bertrand. Une chose bien posée, languide et qui ne déparerait pas la discothèque de James Holden.
Mais le tout reste humain parce qu’on y entend leurs voix. L’emploi de la langue française peut sembler une idée étrange mais c’est aussi un des motifs d’attachement. Ce sont des Québécois et leur rapport à la langue est à ce titre plus libéré. Cependant, ils revendiquent une filiation avec Eli et Jacno qu’ils ont déjà repris. Comme le veut le genre, tout est déclamé avec un sérieux de pape mais ce n’est qu’une façade. Le port Du Masque Est De Rigueur est une litanie dystopique avec une boîte à rythme en liberté qui voit le chanteur projeter sur un rude environnement urbain le chaos d’une rupture amoureuse. Ce qui nous vaut quelques fulgurances d’humour grinçant (J’ai tenté de t’oublier/Comme on noie une portée de chatons).
Et il faut du sérieux et de la maîtrise pour éviter les pièges de la gaudriole de Vive La Fête ou de la poésie factice et superficielle à la Visage. Ce n’est donc pas de la chanson française passée à la moulinette électronique, c’est une musique électronique délaissant fort opportunément les sons vintage trop convenus (Chvrches, quelqu’un ?), bien balancée qui s’exprime en français, se permettant des écarts plus rêveurs (magnifique La Chute) et des plages purement instrumentales et exaltantes (le véloce Facing The Music). La nuance est de taille et leur permettra sans doute de passer allègrement les frontières. D’ailleurs, cet album sort chez les New-Yorkais de DFA (label fondé par James Murphy).
Car on l’a dit, la nostalgie n’a que peu de place ici. Tout au moins d’un point de vue musical. Il s’agit moins de faire renaître le fantôme italo-disco ou electroclash (que de livrer des morceaux puissants pour ici et maintenant. On ne doit donc pas réinventer la roue pour être une des bonne surprises de ce début d’année, assez référencée mais effectuée sans aucune forme de compromis.
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