lundi 14 mars 2016, par

Quand on appelle son groupe Mauvais et que le premier album a un titre aussi portnawak que Pour toi je peux devenir Gérard Depardieu, on prend quand même un risque. Donc le trio Calogero Marotta, Patrick Schouters et Christophe Enclin s’expose au jeu de mot facile et à la tentation de n’y voir que de la gaudriole. Et ce serait dommage, parce que la fréquentation assidue de cet étrange album se révèle vite assez gratifiante.
Tout d’abord parce que l’esprit de sérieux ne plombe pas cet album, il est réalisé avec application et une vraie vision musicale. Ensuite parce que la variété est de sortie, tant musicalement que dans le traitement. On retrouve en effet des traces de beaucoup de choses ici.
Le premier morceau pourra faire penser aux productions récentes de Benjamin Schoos. On pensera aussi à son maintenant comparse Jacques Duvall pour le sourire narquois de Non ou les rimes riches (à la Gainsbourg ?) de Mes Cliques qui propose quelques jolis surgissements.
Mes meilleurs moments ici se nichent au creux de l’implacable Trop Vite Et Sans Pitié qui n’est pas sans rappeler le naturalisme féroce de Florent Marchet, au sein de Boite Noire où un genre de Houellebecq materait dans un night-club ou au détour de la langueur de Biarritz. Le faux ton de crooner fait mouche dans ces moments-là.
Le seul moment déplaisant, finalement, c’est la version en français de l’affreuse scie Words de F.R. David (gardez ça en tête toute la journée, petits chenapans). D’abord parce que bon, on est plus proche de la BO de La Boum que de trucs qu’on aime, et puis la voix y montre des limites qui n’apparaissent jamais ailleurs. Mais ce n’est qu’un intermède, il faut le concéder. Tout comme le pastiche pince-sans-rire de Non.
Ce qu’on retient de Mauvais c’est que le ton est composite, pouvant être rapproché d’artistes différents à différent moments mais qui montre une belle envie. Pour amoureux de la musique française, pour les esprits aventureux et curieux, ceux qui aiment l’attitude et ceux qui se donnent les moyens de leurs envies, il y a vraiment un public pour Mauvais.
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