mercredi 24 août 2016, par
On entame toujours avec plaisir un album d’Of Montreal, parfois anxieux de ce qu’on va y trouver. Des merveilles parfois, un peu d’épuisement aussi, mais toujours le retour d’un univers véritable, maintenant poli au gré de quatorze albums studio qui constituent une jolie série. La question qu’on se pose est celle-ci : ‘où Kevin Barnes va-t-il nous amener cette fois-ci ?’
Géographiquement, c’est à Paris que cet album a été enregistré. Il s’y est adonné à quelques poncifs obligatoires comme trainer au Père Lachaise, écrivant des poèmes dans des cafés où il lisait Genet et Cocteau. On retrouve ainsi cette touche dans le très glam Les chants de Maldoror. Et quelques allusions à Baudelaire sur Gratuitous Abysses.
I must vilify us to make you special
I know my compass is beyond retrieval
I’m just ’illuminations’ and ’flowers of evil’)
On connaissait aussi sa propension à citer des auteurs classiques (Georges Bataille dans le monstrueux The Past Is a Grotesque Animal), il reste donc fidèle à ses mythes.
Musicalement, l’évolution est une conséquence du déplacement dans l’espace. Son habitude d’enregistrer la nuit ne permettait pas l’utilisation massive d’instruments bruyants, au bénéfice de synthés vintage qui occupaient fort opportunément la place. De plus, il avoue avoir pour la première fois raccroché à la musique actuelle. C’est flagrant dès Let’s Relate et se confirme sur le plus electronique et abstrait sur A sport and A Pastime ou le dense final Chap Pilot.
Plutôt que privilégier les compositions délirantes et les brusques changements de cap, il préfère mettre son éclectisme naturel au service d’une palette sonore étendue. Certains de ses albums étaient assez éreintants par d’incessants changements, par la volonté de caser cinq morceaux en un en les apposant et on lui était reconnaissant d’avoir recentré ses morceaux sur le bien plus réussiLousy With Sylvianbriar. Certes, il reste encore son sens mélodique certain, ses chœurs discrets et délirants. de brusques variations sur Del Pacts mais c’est surtout via le séquencement de cet album qu’elles s’expriment, enchainant un morceau nerveux et le plus cotonneux My Fair Lady, morceau de rupture qui cite
Back at home
Dismantling our love, killing it to please other people
Because you’ve been so damaged,
I have to give all the love that was meant for you to somebody else
Et si une des incarnations possibles de Bowieétait Kevin Barnes ? Certes le génie anglais était autrement plus versatile et insaisissable mais l’Américain n’a jamais caché son goût pour le glam (glam’rock Gratuitous Abysses), l’excès scénique et une présence pour le moins androgyne. De plus, on distingue maintenant quelques ressemblances plus littérales, Chaos Arpeggiating le voyant chanter comme Ziggy. Donc outre les références à Dylan qu’on a pu apercevoir par le passé, c’est un autre géant auquel on pense (il le reprend d’ailleurs parfois sur scène).
Les questions de genre ont toujours été au cœur de ses préoccupations et on retrouve aussi ce sujet d’emblée, la première phrase de l’album étant ‘How do you indentify ?’. Surtout, il y a cet It’s different For Girls dont a du mal à discerner la dose de sarcasme véritable mais dont on relève
It’s different for girls
From when they are children, they’re depersonalized
Aggressively objectified
They are mercurial creatures, not a masculine dissonance
Or sexual currency
Though some of them are demons, all of them are gods
Though some demons are women
For every one psycho bitch, there’s ten thousand aggro pricks
Cet album solide et taillé pour durer regroupe beaucoup des tendances récentes d’Of Montreal en fait une sorte de synthèse qui ne pourra que plaire aux amateurs. Après autant d’années de connivence, on se range parmi eux et pour longtemps encore.
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