mardi 11 octobre 2016, par
Faire progresser la musique et fournir des albums renversants sont deux choses parfois différentes. C’est clairement le second cas de figure qu’on avait rencontré avec le magnifique For Emma, Forever Ago. Cet album issu d’une retraite au fond des bois pour soigner un cœur brisé était finalement atypique dans le chef du maintenant bien établi Justin Vernon. Mais plutôt que retenter l’exploit, il a très rapidement décidé de prendre la tangente, ce qui nous a valu un second album plus aventureux et formellement abouti même s’il ne retrouvait pas l’émotion pure du premier.
Pour être complet, il faut aussi mentionner le très bel album avec d’autres collaborateurs sous le nom de Volcano Choir qui contenait aussi son lot de pépites. En revenant en tant que Bon Iver, on devinait, on savait presque qu’il allait pousser l’expérimentation plus loin. C’est manifeste dès la liste de titres plein de symboles divers qui sent la coquetterie à plein nez.
Non, on ne peut décidément plus parler de folk et ce n’est pas dans le fond une mauvaise nouvelle. On pourrait réentendre son premier album à l’infini mais la musique a aussi besoin de formes nouvelles. De plus, s’il a été rapide à changer son fusil d’épaule, il n’a pas été le seul à le faire et dans un passé récent, on a déjà entendu quelques exercices du genre chez de jeunes espoirs comme Ed Tullett ou plus confirmés comme DM Stith.
Ce qui reste unique par contre, c’est sa voix et sa façon de l’emballer. Ce qui le rapproche d’un des plus frappants albums de l’année, celui d’ANHONI. Evidemment, on ne peut que déplorer l’ajout occasionnel de vocoder, qui fait autant de dégâts que le traitement HDR cosaque dans la photo. 715 est à ce titre donc un peu casse-bonbons. Mais il ne dure que deux minutes, ce qui montre qu’il y a du discernement en son chef.
Les albums les plus hardis sont forcément les plus inégaux. Une fois filtrée, l’œuvre de Justin Vernon est une des plus brillantes de l’époque mais on a parfois l’impression que les scories sont livrées telles quelles. Il a fallu un album d’ajustement pour que Volcano Choir donne sa pleine mesure, il en faudra sans doute un autre pour que les morceaux soient à la hauteur des intentions. En tous cas à tous les coups, parce qu’ici, on note déjà quelques grands moments comme 666.
Dans cette optique, 10 d E A T h b R E a s T ⚄ ⚄ monte, monte et est une indéniable démonstration de savoir-faire, qui prend même le temps de calmer le jeu (29 #Strafford APTS) avec un peu de violon. Comme sur le précédent, on ne pense aussi parfois à Tv On The Radio (33 « GOD ») mais en bien plus complexe, notamment dans les entrelacs de voix.
Bon Iver ne visait pas la couronne folk, il visait le toutes-catégories L’album est plus qu’intéressant, passionnant par moment même mais semble comme une matière brute et complexe à la fois qu’on travaille devant nous. Entendez-nous bien, on est contents qu’un chanteur qui a émergé d’un contexte folk prenne la main mais on l’aimait aussi quand il nous émouvait.
Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)
On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)